Quand un livre voit le jour
Pour changer une vie, une orientation, pour modifier son destin. Qui n’a pas vécu cette expérience lève la main ? Le choix d’une nouvelle carrière qui se joue juste suite à une conversation entre deux portes, l’inscription à un concours se terminant dans deux heures. Je l’ai vécue. Deux heures pour se dire : je fonce ? J’ose ? J’ai osé, j’ai eu mon concours et je suis devenue professeur des écoles. Deux heures qui ont changé ma vie. La rencontre qui remet nos valeurs en jeu, où on sort de son monde de Bisounours pour découvrir qu’il n’y a pas que des gentils, où naïvement on atterrit. La rencontre qui bouleversa notre vie, l’enfant malade agonisant dont nous croisons le dernier regard, celui du nouveau-né hurlant à la vie, le regard d’un désir interdit, celui d’un nouveau départ. Mille rencontres jalonnent nos vies. La plupart d’entre elles nous les oublions, nous ne savons même plus ce qu’elles nous ont apporté mais toutes nous ont donné cette minuscule poussière d’étoiles qui font nos rêves d’aujourd’hui. Ne négligeons pas nos rencontres. Elles ne sont pas un hasard et auront toujours un sens, un jour.
Les mots vont alors courir sur le papier, remplir même les blancs que personne ne peut voir, y influer des émotions à fleur de peau. Lorsque la vie apporte le plus merveilleux des cadeaux, un magnifique petit bonhomme, prolongement de ce que vous avez été, porteur de votre hérédité, votre descendance, le monde se peint de mille couleurs. Vous vous retrouvez projetée plus de trente ans en arrière, lorsque c’était vous qui donniez la vie. Aujourd’hui, vous n’êtes plus que le passeur de rêves, la mémoire de ce qui fut. Au final bienvenue à toi mon petit amour. Te prendre dans mes bras fut magique. Quand Hier rencontre Demain, le bonheur est de nouveau là à portée de main.
La vie nous incite bien malgré nous à tourner la page, à entamer un nouveau livre. On n’oublie jamais, on refoule au plus profond de soi afin de ne garder que le meilleur. Ainsi, dans notre vie quotidienne, nous nous rappelerons juste de ces moments de vacances agréables ou de cette amitié où nous avons tant ri lorsque nous étions jeunes. Peu importe les obstacles, seul le meilleur reste. Et puis, la vie nous incite à faire face à un immense bonheur suivi d’une grande tristesse. Un enfant qui voit le jour, prolongation de nos gènes, qui pourtant a un petit souci. Mille images se superposent. Un autre enfant, un jour, une autre vie, et une peur pourtant identique ! Que le malheur épargne ces jeunes vies de l’horreur de mon propre vécu. Quand le passé se mélange au présent, on ne peut souhaiter qu’une seule chose : que le futur arrive vite afin d’effacer toutes les traces de douleur.
Notre société est fatiguée, nos enfants aussi. Je ne polémiquerai pas sur les nouveaux rythmes scolaires qui pour moi sont une pure ineptie pondue simplement pour contenter des bureaucrates ou politiciens n’ayant jamais mis un pied sur le terrain. Au final, nous assistons, impuissants, à de pauvres gamins se décrochant la mâchoire toute la sainte journée. Des résultats meilleurs ? J’émets de sérieux doutes mais nul ne reconnaîtra que cette réforme est une belle ânerie. Résultat, parents le soir vidés, devant batailler face à des enfants eux aussi éreintés, ne songeant plus qu’à se détendre devant leurs jeux vidéos, enseignants frôlant le seuil de rupture, politique qui se mélange les pinceaux. Nous sommes responsables de cet état, de cette fatigue. Nous voulons aller trop vite, en faire toujours trop jusqu’à brûler la chandelle par les deux bouts. Nous nous convainquons que nous ne sommes utiles qu’en nous surchargeant de travail. Avant, cet état n’existait que durant nos années d’études. Aujourd’hui, c’est notre quotidien. La question existentielle ne serait-elle pas : en sommes nous plus heureux pour autant ?