Concours : un roman dédicacé
Gagnez un roman dédicacé
Un livre qui décoiffe ! » 8 mai 2015
Par Amanda Castello
» Je viens de finir le livre de Sylvie Grignon » Carla « , publié par les ateliers de Grandhoux, acheté à l’occasion du Salon du Livre de Paris en mars dernier.
Troublée, fascinée, secouée, dérangée… Je ne sais pas vraiment comment me définir après être arrivée à la fin de cette étrange et incroyable histoire. Je n’ose pas l’appeler roman. Je cherche une définition. Devrais-je l’appeler » journal « ? » témoignage « ? Où finit le roman et où commence l’histoire d’une vie ?Chercher à comprendre me semble devenir indiscrète. Cette sensation me fait dire que je suis plus dans le « journal » et non dans le « roman ». Probablement ma formation et mon travail de thérapeute me poussent à chercher, à lire entre les lignes, à interpréter la souffrance, les blessures de l’âme de cette Carla qui ressemble à beaucoup de femmes dont j’ai entendu le vécu et que j’ai soutenues.
En tant qu’auteure, je ne peux qu’exprimer mon admiration pour le talent de Sylvie Grignon qui manie la langue avec art et puissance. Sa plume peut-être d’un romantisme touchant, presque naïf, et tremper ensuite dans le vitriol le plus impitoyable. Sa peinture de la société humaine laisse un goût d’amertume qui s’accentue à chaque chapitre. N’y a-t-il vraiment aucun espoir ? Le bilan est-il, à la fin d’une vie, la solitude relationnelle entre les êtres? Sylvie ne fait aucun cadeau. Devrais-je plutôt dire Carla, qui se raconte, ne fait aucun cadeau. La relation entre les hommes et les femmes, dans leur rapport amoureux, apparaît comme destinée à une faillite annoncée. Perversité, trahison, dépendance, lâcheté semblent presque inévitables dans toutes les époques de la vie de Carla. Comme si tous les beaux et nobles sentiments qu’elle éprouve à certains moments de son existence n’étaient pas viables, comme si tous les espoirs qu’elle caressait, ses rêves, ses projets étaient inévitablement voués à l’échec, à plus ou moins court terme. Pauvre Carla ! Le lecteur a envie de la consoler, de la protéger. Quel karma pèse sur cette pauvre Carla !
Comme dans « rouge », autre brillant livre de Sylvie Grignon, le sexe est omniprésent. Sylvie connaît mon opinion. C’est parfaitement décrit mais il y en a, à mon goût, un peu trop… cela plaira sans aucun doute et Sylvie est très forte dans le langage érotique, mais j’espère quand même, que la vie des hommes et des femmes ne se réduise pas seulement à ces épisodes.
Une dernière réflexion. Penser Carla comme victime serait erroné. Carla est une fille forte, une femme décidée qui subit et pourtant se rebelle. Elle est la voix de nombreuses femmes violées, soumises, dominées. Ces femmes, produits d’une société à domination masculine, qui cherchent encore un équilibre entre un rôle de Lolita, de mère de famille, de business woman en y perdant souvent leur véritable identité et en gaspillant leur talent.
Être femme s’apprend et c’est ce que notre société a oublié d’enseigner ou peut-être ne souhaite pas enseigner…peut-être à Carla manque-t-il une ouverture dans sa quête du bonheur, la recherche d’un idéal lui permettant de se détacher du piège de la matière.
L’épilogue laisse entendre que les » carnets restants » de Carla sont encore à découvrir. J’attends donc la suite espérant, comme Sylvie Grignon l’écrit à la dernière ligne, qu’au milieu » d’autres souffrances » elle parlera aussi de » tant de moments merveilleux « .
Amanda Castello
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