( 3 juin, 2015 )

Le doute de l’écrivain

Régulièrement sur les groupes d’auteurs, la question récurrente du doute revient. Est-ce que j’écris quelque chose d’intéressant ? Devrais-je tout reprendre ? Vais-je avoir des lecteurs ? Vont-ils aimer ? Une fois le livre terminé, dans nos mains, ce doute reste présent.
Mise à part si l’on est une personne hautement narcissique comme j’en ai parfois croisée, on doute tous de nos écrits. Même un roman ultra travaillé avec un éditeur comme ce fut le cas pour Carla, me laisse pleine de doutes. Ai-je assez mis d’émotions dans mon texte ? N’aurais-je pas dû écrire avec plus de légèreté ou à l’inverse crier avec plus de conviction ? Et ma Carla, n’en ai-je pas fait une trop grande victime ? Mais après tout, elle représente les femmes et n’en est qu’un échantillon parmi des millions alors pourquoi je doute ?
Je ne suis jamais totalement satisfaite de mes romans mais j’avoue ne pas être de nature patiente et ne me verrais pas comme certains auteurs mettre dix ans à écrire une histoire. Rouge, par exemple, ne fut qu’un brouillon, une ébauche, sans vrai travail d’écriture. Je n’en avais pas envie. Son but n’était pas d’être publié, juste de me permettre de poser des émotions. J’aurai mille idées aujourd’hui pour le recommencer, autrement, différemment, un peu comme une histoire que l’on renoue, que l’on rêve de relancer. Mais il faudrait que j’ose, que j’ai le temps. J’y ai laissé beaucoup trop de moi, d’erreurs de styles et de sens. Je suis donc toujours aussi surprise lorsque je constate qu’il continue de se vendre au bout de dix-huit mois ! Un collègue ( un peu jaloux de mon succès même s’il refuse de l’avouer ) m’avait balancé que c’était un livre « facile » d’où son intérêt. Le petit pic un peu vache qui ne m’a même pas effleuré, m’a incitée à me demander : Est-ce mal d’écrire des livres faciles ? Aurais-je dû en avoir honte ? Tout comme Carla qui reste un livre accessible à tous. Aurait-il dû être automatiquement écrire pour un public intellectuel ? NON, je prône la culture pour tous et les Bac plus dix ne m’intéressent pas nécessairement sauf s’ils ont su rester humbles ( ce qui reste rare) . Je suis juste une petite gribouilleuse qui aime jouer avec les émotions des lecteurs, leur faire glisser une larme.
J’écris pour ceux qui ont envie de s’envoler dans mes mots, dans mes rêves, qui ont envie de découvrir des mots cachés derrière des mots, des vies cachées derrière des vies. J’écris pour ceux qui ont juste besoin d’un peu de fraîcheur. Ce n’est pas dans mes livres que l’on trouvera des phrases à la Proust. Je déteste lire moi-même des phrases à rallonge, hormis chez Zola ou Hugo.
Je préfère rester avec mes doutes de petite romancière méconnue, cela me motive à essayer de devenir meilleure, à pousser mes limites et à me dire que peut-être dans dix ans, je ne douterai plus de mes écrits.

5 Commentaires à “ Le doute de l’écrivain ” »

  1. 010446g dit :

    lorsque l’oeuvre est posée, à quoi bon questionner? Trop tard pour regretter, trop tôt pour constater, mieux vaut pour la tranquillité éviter d’y penser.

    Dernière publication sur le radeau du radotage : Tous à la rue! Tous en prison!

  2. Jenny dit :

    Oh oui les doutes sont toujours là et même si c’est lourd parfois, heureusement qu’on en a. Très jolie article et vive ton « écriture facile » car tu as ton style à toi. Et les écrits trop compliqués ne sont pas toujours un plaisir à lire, pour ma part.

  3. Francisco Lozano dit :

    C’est difficile de ne pas douter. Je pense que toute personne qui écrit est d’une sensibilité au-dessus de la moyenne. A partir de là douter coule de source. Peut être que si vous êtes publié par un grand éditeur une certitude de la valeur de vos écrits peut vous habiter et encore. Nous écrivains par passion qui nous efforçons de faire naître nos « petites » œuvres dans un monde saturé d’informations n’avons plus qu’à essayer d’y croire pour continuer notre petit bonhomme de chemin.

  4. Régis Pinguet dit :

    Sylvie, je partage tes doutes, on a toujours envie de réécrire. Rouge est un très bon roman, ces toutes petites imperfections ne retire rien à sa qualité. Un livre DOIT être facile à lire, c’est quand même le but! Après publication, soit on peaufine soit on écrit autre chose. Et nous débordons d’imagination. Alors écrivons.

  5. Kevin dit :

    Merci. Vous m’avez ôté les mots (maux) de la bouche ! ^^
    Très bel article.

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