L’illusion de la beauté et la peur de vieillir.
Des années que je m’insurge contre le besoin vital de personnes prêtes à tout pour lutter contre le temps qui passe. Bistouris, produits certainement toxiques utilisés pour éliminer les rides ou les bourrelets, tout est mis en œuvre pour paraître dix ans de moins. Est-ce la clé du bonheur ? Serons-nous plus heureux, rafistolés ?
Je pense en particulier à une amie de longue date n’ayant pu résister, il y a quinze ans, à l’envie de se faire refaire les seins pour garder « son » homme. Je me souviens du nombre de photos montrées lors de soirées hilarantes où elle nous dévoilait sa magnifique poitrine digne d’une jeunette de vingt ans. Ces irrésistibles nichons destinés à séduire un homme furent au final un cuisant échec, l’amour ne rime pas toujours avec chirurgie et le prince charmant a pris le large avec une plus âgée (comble de l’ironie, non ?), la belle versa beaucoup de larmes, des cernes se creusèrent. Retour à la case départ. Direction un petit lifting au botox afin de retrouver un visage humain, creusant un crédit bancaire pour plusieurs années et un résultat illusoire.
Quinze ans après, la pauvre est toujours seule avec des regrets éternels et un visage qui n’est plus le sien.
Je ne signerai jamais pour ce type de traitements barbares. Je n’arrive même pas à comprendre le besoin de se défigurer ainsi. Accepter ses rides, c’est accepter qui on est, ce que l’on est vraiment. L’enveloppe remodelée reste souvent une pâle réplique de la réalité et seule, l’intéressée croit à sa nouvelle beauté et semble ignorer les dégâts provoqués, ne se rendant même pas compte à quel point cette mascarade leur a enlevé son charme naturel.
J’ai plaisir à croiser régulièrement certaines mamies âgées de plus de quatre-vingts ans, n’ayant jamais subi le moindre bistouri, le visage ridé, marqué, mais un sourire réjoui sur les lèvres, rayonnantes, car elles sont restées « elles » malgré les soucis de la vie, malgré les chagrins, malgré les larmes.
Elles n’ont pas eu besoin de se cacher derrière un masque. Au final, je les trouve mille fois plus belles, car elles sont vraies. La beauté chirurgicale n’est pour moi qu’une illusion liée à la peur de vieillir. Se refaire la face ne ralentira pas les aiguilles du temps.
Acceptons qui nous sommes, c’est notre seule garantie de lutter contre l’amertume des années qui passent.