( 27 février, 2016 )

Les livres qui font mal

Suite à une discussion sur les réseaux sociaux, je m’interroge sur la nécessité de certains livres autobiographiques. Je ne parle pas des simples récits « de vie » souvent fort sympathiques mais plutôt ceux qui semblent régler des comptes.
Est-il nécessaire de publier ainsi son vécu aux yeux de tous ? Peut-être est-ce mon côté un peu réservé qui me fait m’interroger mais respecter la vie privée de chacun me semble nécessaire. S’inspirer de faits réels dans un roman est évident à condition que les noms, les lieux ne soient pas implicitement nommés, que l’auteur publié sous pseudo pour ne pas mettre en évidence un lien. Mais n’est-il pas plus judicieux de dénoncer une injustice ou une douleur par exemple sous les traits d’un roman historique ou d’aventure ?
À l’inverse, publier un livre sous son propre nom pour relater un fait réel, dont on fut victime ou pire où l’on se considère comme une victime, me hérisse les poils. Pour moi c’est une démarche totalement narcissique voire égocentrique à la limite de la manipulation d’autrui.
Prenons l’exemple simple d’un employé lampda dans son entreprise qui va raconter comment il fut licencié ou comment il est tombé en dépression, accusant X ou son travail, pointant des coupables du doigt, ne met-il pas en danger en publiant sous son nom, sans pseudo, l’intégrité même de son milieu de travail, la confiance de ses collègues, l’image de sa famille ?
Comme je l’ai écrit dans Hashimoto, mon amour, nous ne tombons pas malade par hasard et nous n’avons pas à accuser les autres de notre propre faiblesse.
Ne serait-il pas plus simple d’intégrer cette douleur simplement dans un roman que de poser des mots qui peuvent faire mal à toute une institution, ébranlant l’image même du milieu professionnel, touchant des personnes qui ont certainement depuis longtemps tourné la roue de la vie ?
Un livre n’est pas destiné à sauver une personne de son mal être mais à donner du plaisir aux lecteurs. La clé n’est pas dans un alignement de mots posés au hasard mais destiné à façonner une vraie réalité, un dépassement de soi indissociable avec la notion de « faire du bien ». Quitte à choquer, je réfute les livres écrits juste pour soi qui font mal. S’il y a une justice, de tels livres ne devraient pas trouver acheteurs mais malheureusement, Lucifer est roi sur cette Terre. ( clin d’œil à un de mes derniers posts dont j’ai reçu de nombreux avis, très précieux ).

3 Commentaires à “ Les livres qui font mal ” »

  1. Etienne Renaudon dit Tienou dit :

    la relation de faits avérés est un travail de journaliste et il connaît des règles, tant quant au scripte que d’un point de vue éthique.
    En revanche on peut avoir de besoin de résilience et comme tu l’exprimes, rien de tel qu’un écrit romancé, du style qui nous paraît le plus approprié.
    Pourtant, il est des exactions vécues qui se doivent d’être relatées, afin de servir d’avertissement pour les autres, de mises en garde sur ce qui peut advenir. Le récit autobiographique s’y soumet bien mais sous forme d’essai et non d’histoire, autobiographique. L’essai permet « des écarts d’écritures » qui sont un style à part entière.

  2. Murielle dit :

    Alors, là, je suis tout à fait d’accord avec vous. Merci pour cet article où enfin quelqu’un d’autre ose enfin aussi le dire. Je me sens moins seule.
    Bonne journée.
    Murielle

  3. anneju dit :

    Je ne suis pas une amatrice des auto-biographies. Je ne suis pas fan des gens qui crachent leurs venins comme ça. Si on a des comptes à régler, on le fait mais pas aussi lâchement.
    Merci pour ton article

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