( 25 avril, 2016 )

S’occuper pour le plaisir

Je m’interroge lorsque j’entends certaines personnes se lamenter sur l’ennui. Comment peut-on de nos jours s’ennuyer ? Plus les années passent, plus je manque de temps. Il y a vingt ans, je consacrais plus de 80% de mon temps à mes enfants, sans m’ennuyer une seule seconde. Aujourd’hui, ils ont tous grandi bien grandi et malgré tout, j’ai toujours aussi peu de temps. C’est vrai que ma passion pour l’écriture grignote une bonne partie de mon temps libre, tout comme mon addiction pour la lecture, ajoutons à cela le contact avec mes amies, ma famille, mes proches. L’ennui ne fait pas parti de mon vocabulaire.
Et je conserve une faculté d’occupation importante, le pouvoir de rêver afin d’atteindre une complète créativité, il me semble indispensable de maintenir un équilibre entre le corps et l’esprit tout en s’autorisant ce temps de rêve.

S’ennuyer ? Je pense que ne pas s’ennuyer, s’apprend. Il faut déjà se décoller de sa télévision ou de son PC, varier ses supports de vie afin d’éviter la routine qui est vecteur d’ennui.
La nouvelle génération est overdosée, suralimentée d’images, de bruits, de jeux ou d’activités mais sa plus grosse faille est cette faculté de ne plus pouvoir s’évader dans ses rêves grignotée par une sur activité . Mes classes débordant d’énergie ne peuvent rester cinq minutes sans rien faire alors qu’à mon époque, nous croisions juste les bras en laissant nos pensées s’envoler en attendant sagement que l’enseignant nous autorise à passer à la suite. Trop d’activités tuent le rêve et donc inéluctablement, l’imaginaire.

Un jour, j’ai entendu une personne oser dire que les personnes rêvant à l’impossible sont des malades mentaux. Quelle triste remarque ! Rêver à un projet même irréalisable, choisir de sa battre pour atteindre un but difficile, croire en un amour impossible, fait-il de ces gens, des fous ?
Nous, les écrivains vivons pour transmettre des mots, sommes-nous tous bons à interner parce que nous véhiculons de l’imaginaire ? Il serait temps, dans ce cas, d’agrandir les hôpitaux psychiatriques parce que lorsque l’on aime les mots, nos rêves nous occupent pleinement et c’est un plaisir auquel aucun de nous n’a envie de renoncer.

 

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