Peut-on aimer sans se voir ?
Une lectrice m’a écrit ces mots : » J’aime beaucoup votre roman Les Secrets de Carla même si je préfère vos policiers, plus mon style mais ce que j’aime vraiment dans votre roman c’est votre personnage Lui, et cet amour unique que Carla a encore pour ce type des années après. Vous écrivez un rayon d’espoir pour moi. »
Malheureusement, ai-je envie de répondre, ce n’est qu’une histoire. La vie nous montre souvent l’inverse dans notre société où les gens veulent tout immédiatement, où le désir de posséder se mélange avec l’amour. Pourtant, malgré le temps qui passe, certaines absences qu’elles soient amoureuses, familiales ou parentales continuent à faire mal. Peut-on comme Carla continuer à aimer sans véritable retour ? Peut-on continuer à croire en un Lui pourtant si égoïste ? C’est un peu l’histoire de Pierrot amoureux de la Lune. Certaines attirances amoureuses sont si fortes, si proches de ce que l’on juge « la perfection », semblable à notre idéal que l’on n’arrive pas à sortir de la toile d’araignée où l’on s’est englués, inventant, dessinant une histoire proche d’un rêve, simplement parce que renoncer à ce rêve reviendrait à prendre conscience que l’on s’est trompé, que l’on a perdu des mois voire des années, que l’on attendu l’autre pour rien. On se sent alors si bête d’avoir gardé au fond de son coeur une promesse juste soufflée entre les lignes mais à laquelle on s’est accroché parce que cet amour là n’a pas de nom.
Pourtant il me semble important de voir les choses sous un angle différent. L’amour transcende, l’amour donne des ailes, l’amour est créateur. Aimer permet simplement de se sentir bien. Se détester d’y avoir cru n’est pas la solution. Et même si cela reste rare, certains amours subsistent au temps qui passe, hiberne parfois pou, un jour, se retrouver sous des cieux meilleurs. Donc oui, peut-être que Carla a eu raison de continuer à aimer Lui, de le garder dans son coeur et surtout de ne pas cesser d’y croire et de vivre.
Quitte à faire fondre les rêves des plus sentimentaux d’entre nous, NON, aimer sans se voir ne peut être vraiment s’aimer.
Il y a tellement d’illusion dans la distance, il y a tellement de sous-entendus dans l’absence…
C’est parce que la main de qui j’aime tremble par moments dans la mienne que je sais la force du sentiment éprouvé.