Les pièges à éviter lorsque l’on propose un manuscrit.
Faisant partie soit en tant que directrice de collection ou simplement membre de comité de lecture de plusieurs maisons d’édition à droit d’édition ( Nouvelle Plume et d’autres ), j’ai relevé des erreurs qui pourront peut-être aider les auteurs en quête de gloire ( même si je ne suis pas convaincue que la gloire est liée à une édition en particulier, mais reste une affaire de chance)
tout d’abord un fait récurrent, mais décisif, les fautes. Je ne parle pas des coquilles, mais des vraies fautes. Par pitié, lisez, relisez vos manuscrits. Un ouvrage contenant plus de trente fautes dans les dix premières pages sera mis de côté. Bien sûr, un éditeur corrigera les coquilles restantes, mais il s’attaquera surtout aux erreurs de typo. Donc, prenez un correcteur, faites vous aider, chassez les répétitions, les phrases trop lourdes, les « trois petits points » qui saoulent les éditeurs, les dialogues incompréhensibles ou qui inondent un ouvrage. Un livre ne se fait pas en un jour ! Passez-y du temps !
Tout le monde peut écrire et c’est ce qui est formidable, mais tout le monde n’est pas écrivain. Vous n’aurez aucun souci à être publié de nos jours en autoédition ou édition alternative, mais chez un éditeur, c’est une autre paire de manches alors choisissez bien vos textes. Les éditions reçoivent plus de 50% d’autobiographie. À part si vous êtes la maîtresse d’un grand politicien, votre vie n’intéressera pas une édition. Son objectif est vendre et juste vendre. Vous voulez qu’elle marche ? Alors, tournez votre texte en roman moderne ou en thriller. Je pense à un collègue dont je n’ai pas lu le manuscrit, mais que mon édition avait accepté, car il venait en mon nom ( n’essayez plus ! Elle ne tombera pas deux fois dans le panneau !). Le contrat fut mis en sourdine, car pour différentes raisons, non publiables. On ne peut tout écrire surtout en citant des noms, des lieux précis. Éditer un livre coûte très cher et un éditeur ne s’engagera pas sur des braises.
Dernièrement pour la maison d’édition Nouvelle P , j’ai lu une saga excellente, un petit bijou seulement l’auteur l’avait conçu par morceaux, voulant publier des livres de 25 pages maximum. Un éditeur refusera presque systématiquement cette façon de travailler et je reste encore sur cette lecture avec regret ! Certes, cela aurait fait un pavé de 400 pages, mais un excellent livre. Va-t-on savoir pourquoi certains auteurs s’obstinent !
Les genres choisis restent limités donc bien regarder les ouvrages publiés dans le catalogue. Les maisons d’édition publient peu de recueils de poésie ou de nouvelles. Pour les romans philosophiques ou de bien-être, visez les éditions spécialisées. Le fantastique ne sera souvent pris que dans les éditions avec ce thème dominant tout comme la Fantasy, la littérature jeunesse dans les éditions jeunesse, les romans à l’eau de rose plutôt chez Milady ou HQN, l’érotisme dans les éditions spécialisées dans ce genre, etc. Il ne faut pas envoyer n’importe où ! Un envoi papier coûte cher et il faut savoir qu’un seul manuscrit sur mille sera pris dans des éditions comme Albin Michel surtout si c’est votre premier roman et que vous n’avez pas de piston.
Restez modeste ! Je lus des lettres accompagnant des manuscrits à mourir de rire. » Je suis le meilleur, j’ai écrit un excellent roman, car je suis diplômé de, etc » ou » Je viens d’écrire un best-seller et vous pouvez miser sur 5000 ventes. » S’il suffisait de, pour être, cela se saurait ! Je grimace en lisant ce type de présentation et c’est déjà un point négatif alors imaginez la réaction des éditeurs ! Soyez juste vous ! Ne croyez pas parce que vous avez cartonné sur Amazone pour votre numérique que le tapis rouge vous sera déroulé. C’est arrivé à moins de dix auteurs sur les milliers qui s’autoéditent. Je ne le redirais jamais assez, un éditeur est pour moi un chef d’entreprise et son but reste de faire du chiffre, de vendre, de vous vendre. Votre travail à vous est de faire un bon produit. Le sien de vous mener au sommet.
Attention aussi au plagiat ! Dernièrement j’ai lu un manuscrit complètement calqué sur un roman de Robin Cook. Excellent c’est certain avec juste la maladie qui changeait, mais même structure littéraire. Pas de bol, je suis une inconditionnelle des thrillers et polars. Un grand éditeur ne prendra jamais un tel risque.
Publier chez des éditeurs à droit d’édition veut dire ne rien payer. Si on vous propose une somme à investir, ce ne sera pas une vraie édition. Bien lire vos contrats. Si vous avez 50 livres à acheter en précommande, ce n’est pas un éditeur de renom, mais un prestataire d’édition au sens du terme.
Détaillez chaque page de vos contrats. Attention à l’exclusivité, ce que l’on peut vous demander, obligation de publication à un rythme précis, obligation de présence. Certains contrats de grandes maisons peuvent imposer des salons obligatoires qui ne correspondront pas nécessairement à votre profession. Tout le monde n’est pas libre le we. Une fois que vous aurez signé, vous serez ennuyé. J’ai rencontré un auteur qui s’est fait renvoyer de son travail pour satisfaire son éditeur, au final, il n’a vendu que 500 livres ( dans une grosse édition) et est en dépression depuis, car il a tout perdu. Attention aussi au droit de préférence. Ne jamais accepter une préférence totale pour tous les genres, vous en perdrez le goût et le plaisir d’écrire.
J’ai certainement oublié des petits points, mais j’espère vous avoir aidés.
Il faut savoir que plus de 50% des éditeurs ne répondront jamais à vos envois par mail ou courrier, car une maison d’édition est inondée de manuscrits. Je le redis, une vraie maison d’édition ne publie que peu de livres par an. Donc la sélection est difficile surtout en papier. Rêvez mais rester les pieds sur terre. Souvent seul le comité de lecture lira votre manuscrit tandis que l’éditeur, lui, ne lira que les romans phares de sa maison et laissera le choix aux membres du comité de lecture qui aura des critères précis ( ceux que j’ai énumérés plus haut) et surtout n’oubliez pas que le monde de l’édition est en crise ! Une publication dans une grande maison ne veut pas dire pour autant la poule aux œufs d’or ou la communication mondiale ! Les gens ne lisent plus, les livres se vendent donc beaucoup moins. Rares sont ceux qui atteignent les 150 000 ventes papier.
Écrivez, proposez, mais restez dans la réalité et vous serez heureux ! Bonne plume à tous.
Bravo pour cet excellent post. Editeur je ne peux qu’approuver votre article fort bien construit avec une juste analyse.
Merci pour cet article.
Cordialement
Jao
http://www.colages-et-photos.fr
Quel article intéressant ! Moi qui pensais que c’était simple d’être éditée et surtout de devenir riche je l’avoue Je vous suis reconnaissante ! Je vois que j’ai du travail pour mon manuscrit en cours qui était une petite autobiographie mais je comprends qu’il me faut en faire autre chose car tout le monde s’en fichera Merci
C’est clair, net et précis!!
Auteure j’ai publié en auto édition Succès de courte durée puis dans une maison provinciale petit succès mais engagement sur des années. L’édition a fait faillite mais je n’ai pas repris mes droits donc oui je vous rejoins
Vouloir publier pour devenir riche oh oh oh une utopie que fait croire les adeptes de l’auto édition.
J’ai lu quelques pages de ce blog et votre parcours est unique ! Vous avez un talent que peu ont. À votre place je viserai les grosses éditions tout de même
Ne coulez pas si le navire s’effondre un jour
Merci pour ces conseils Je ne savais pas que les trois petits points de suspension saoulaient les éditeurs, il y en a plein dans mon roman en préparation, je vais faire le ménage. J’ai travaillé un an en atelier d’écriture avec Olivier Charneux et il m’a appris beaucoup de choses, d’erreurs de style à éviter – je vais arrêter de rêver même si mon roman traite d’une fiction onirique. Merci.
Notez que 1000 exemplaires c’est déjà un succès de librairie. Dans la plupart des cas les ventes tournent autour de 200-300 exemplaires sauf bien entendu pour les auteurs réputés et médiatisés.
Pour les points de suspension, c’est vrai, quand il n’y en a trop l’impression est que l’auteur ne sait pas comment tout dire, alors il suggère.