Téléphone, Je t’aime, téléphone, je te hais !
Mon aversion pour cet outil est connu par mes intimes qui ne me contactent qu’en cas de nécessité absolue préférant les SMS. Il n’empêche que lorsque je flâne sur ma plage de bon matin, pourtant vide de monde, je me trouve poursuivie par ce joujou, en voilà un qui se met à sonner. Et une brave dame assise sur un petit fauteuil ras le sable sort l’objet du délit de son cabas et se met à s’égosiller, racontant sa vie dans les moindres détails. Je suis ravie que son chouchou ait bien dormi cette nuit, que les voisins aient apporté une bonne bouteille et que » l’amour est dans le pré » fut vraiment génial. Ma ballade se trouve pourtant un peu gâchée, moi qui aime tant juste écouter le bruit des vagues pour m’évader jusqu’à la porte de mes rêves.
Téléphones qui amorcent aussi la douce folie des Pokemons go. Ils sont arrivés même sur nos plages, non, sans blague, vous y croyez vous ? Simple, juste un clic qui grâce à l’Apple Store va installer votre logiciel et soudain, en moins de vingt-quatre heures, vous voyez des dizaines de personnes leur smarthphone à la main, déambuler dans les rues les yeux rivés sur leur écran. Ma progéniture n’y a pas échappé.
Amusant en vacances mais qu’en est-il dans les grandes villes ? Ce jeu anodin ne peut-il engendrer une recrudescence des vols à l’arraché ? Des accidents ? Les jeunes ne privilégieront-ils pas d’attraper leur pokemon plutôt que de faire attention aux voitures voire aux personnes âgées ? D’un autre côté, ne voyons que le positif. La jeunesse ne bouge plus, souvent avachie devant son PC, rechignant même à aller marcher sur le sable chaud. Que de monde sur mon bord de mer, que de Pokémons devrais je dire ! Ce jeu oblige les enfants donc par logique les parents à prendre l’air, à sortir et avec l’été, c’est un concept vraiment astucieux. Et moi, cela me met le sourire aux lèvres de voir tout ce monde bouger dans tous les sens. Peut-être que je vais devoir tester pour ne pas être ridicule face à mes élèves à la rentrée ! Et si j’y prenais goût ?
Car je hurle après le téléphone mais avouons-le, si il nous agace tant cet ustensile, n’est-ce pas parce qu’au final, il ne sonne jamais quand on l’attend ? Quand on pense aux appels ratés, pire non identifiés, ceux qui nous ont fait un jour nous poser mille questions, ces appels lancés tels des bouteilles à la mer, ces mains tendues que l’on n’a pas vues ou pas voulues voir. Cela nous agace un peu, non ? Et puis il y a tous les appels possibles à venir qui rejoignent nos rêves, ceux que l’on écrit mais qui n’arrive pas parce que ce n’est pas plus facile de composer un numéro que de parler face à face à quelqu’un. Soyons franc, il n’existe pas que ces coups de fil annonçant un drame. Alors rendons hommage au téléphone car peut-être qu’au final, je l’aime bien …
Gaston, y a le telephon qui sonne mais y a jamais personne qui y répond.
OuiAllo ?