Pour vivre heureux vivons cachés
Il y a une vingtaine d’années, j’avais un ami qui ne cessait de me répéter en boucle que l’on ne pouvait trouver le bonheur que dans une relation secrète. Naïve, je trouvais cela exagéré. Comment être heureux en restant loin des autres ? Une relation amoureuse ainsi construite ne serait-elle pas vouée à l’échec ? Une vie ne serait-elle pas terne ?
Des années plus tard, j’ai reconsidéré cette phrase et lui ai offert un nouveau sens, pour vivre heureux, préservons-nous des autres, fuyons les personnes nocives qui nous entraînent dans un sillon négatif. Cela peut, à priori sembler facile et pourtant rien n’est plus complexe. Lorsque l’on est de nature enjouée et positive, on a tendance à vouloir communiquer avec toutes les personnes qui nous semblent sympathiques, ouvrant ainsi des portes fermées, se confiant sans pudeur. Malheureusement, des serpents se cachent parfois derrière de doux sourires. J’en parle par expérience ayant du faire un grand ménage ces deux dernières années, ne gardant que les « vrais » fidèles, autant dans ma vie privée que professionnelle. J’y ai certainement perdu en spontanéité, portant plus fréquemment l’étiquette « sauvage » que sociable mais j’y ai gagné en sérénité.
Le monde de l’édition est difficile et il faut avoir plongé dans la marmite pour comprendre. Celui de l’enseignement n’était déjà pas facile mais j’ai réussi à trouver pire ! On y fait beaucoup de rencontres mais nombreuses sont basées juste sur l’intérêt, la main tendue pour promouvoir un livre. J’ai vu tant de personnes démolir mes romans sous de fausses identités, de relations usant de mon nom pour obtenir
un contrat auprès de ma maison d’édition et j’en passe des meilleurs.
Et je ne parle pas de la recherche perverse s’octroyant des moyens pas très catholiques de certains afin de connaître mes petits secrets convaincue que mes personnages et moi sont une seule et même personne.
Cela m’amuse parce que cela montre que mes livres sont intéressants mais je tiens une fois encore à être claire, ma vie, elle, ne vous intéresse pas. Je la préserve tout comme je préserve mes sentiments, mes émotions, mes coups de cœurs. J’écris des mots mais je vis une vie et j’aime la vie donc je la savoure, je la déguste. Dans dix ans, je serai certainement une relique alors oui, cet ami avait raison » Pour vivre heureux, vivons cachés. »
Et comme le dit ma Carla lorsqu’elle parle de Lui : « Si j’avais un nuage, j’irai m’y installer pour une heure ou deux, loin de tout, loin du monde, juste avec Lui, qui est, qui sera à jamais ce que j’ai de plus beau, de plus cher, Lui que j’attends, Lui qui n’est que Lui. «
Mes amis, vivez cachés, mais n’oubliez pas de venir tout de même me faire un petit coucou car peut-être que je vous emmènerais aussi sur mon nuage, pour une heure, pour discuter, si vous êtes sages, si vous savez garder les secrets, si vous êtes « vrais ».
C’est promis, Sylvie, je suis présent et attentif–bien intentionné– et c’est d’accord pour une invitation quand tu le souhaiteras, un a parte ou une « soirée » à refaire le monde