La dernière ligne
L’écriture d’un roman se termine seulement lorsque la phase fastidieuse de réécriture est accomplie. Hier, j’ai terminé celle de mon prochain roman policier, INDIGO, travail m’ayant demandé plus de cinq heures par jour depuis mon retour de vacances.
Quand sait-on que c’est la bonne version ? Jamais dirais-je, tout comme en amour, on ne sait jamais que c’est le bon, on espère juste et c’est le temps ensuite qui livre ses secrets. Pleine de doutes, bien sûr, pas certaine d’être dans l’attente de mes lecteurs et en même temps, émotion ambivalente, heureuse de ma prose.
Les dés sont jetés, bientôt, il va partir dans les bras de plusieurs bêtas lecteurs qui vont me le décortiquer, trouver la faille pour qu’ensuite, comme dans la vie, je puisse effacer et recommencer ce qui ne va pas. Un roman ne se réalise pas juste en laissant les mots couler, il va prendre sa force et ses racines dans les échanges.
Je me sens vide en lisant et relisant ma dernière ligne, un peu comme si j’avais claqué une porte et étais partie sans me retourner, un peu comme si mon bébé allait s’envoler loin de moi. J’ai envie d’en rajouter, d’en écrire plus, mais comme pour tout, il faut un jour mettre le mot fin, pour recommencer encore et encore, pour façonner de nouvelles expériences.
Je pense que chaque auteure ressent ce manque, cette tristesse en quittant ses personnages. Je laisse pour de nombreux mois Antoine et ses acolytes, une impression de perdre des amis. Heureusement, débordant d’imagination, et vu qu’il me reste quinze jours avant la reprise, je vais titiller la marmite et plonger dans une nouvelle potion qui ne me mènera peut-être nul part ou qui m’emportera vers de nouvelles aventures. L’écriture, c’est comme la vie. Il faut avancer sans se retourner car on peut toujours faire mieux, on doit toujours faire mieux alors essayons ! Moi en tous les cas, je vais tenter …
J’ai pris pour habitude d’achever mes livres par ce remerciement aux lecteurs: « merci de m’avoir suivi jusque ici »
C’est la meilleure manière que j’ai trouvé pour n’éprouver aucun remord de ne pas en faire plus car je pense toujours à celui, celle qui lit :il/elle lui faut de la patience, au-delà de l’éventuel engouement …
Effectivement, jolie formule, tu me la prêtes ?
Oh il n’y a aucun souci. Je sens bien que c’est ce que toi aussi ressens
Tout simplement bonne chance pour sa sortie…quand on écrit c’est avec le cœur on atteint certains d’autres pas….