Pourquoi écrire est si important.
Pourquoi d’abord écrire alors que notre société ne s’intéresse plus ni aux livres ni aux mots ? Écrire reste un acte viscéral qui ne s’explique pas. J’avais dix ans seulement lorsque je remplissais de gros cahiers de poèmes ou de citations trouvés au hasard de mes lectures. Il n’a fallu qu’un pas pour que je me lance, avec des mots un peu niais, un peu tremblants. Puis, il y eut mes journaux intimes écrits depuis l’âge de 13 ans. Quand on a comme moi dépassé le demi-siècle, cela en fait une pile de vieux carnets. Vous êtes nombreux à me dire que j’écris beaucoup. Ce fut toujours le cas. Adolescente, à une époque où Internet n’existait pas, j’écrivais des lettres avec des correspondantes, des centaines de lettres par an, j’aimais le bruit du stylo grattant la feuille, j’aimais voir le papier se remplir. Ensuite, ce fut à mes amoureux , à ceux qui comptaient vraiment pour moi. Je n’ai presque jamais écrit sans raison car l’encre est sacrée et je n’aurais jamais du utiliser ma plume pour autre chose que pour la beauté des mots, c’est pour cela que je n’envoie que peu de mails, sauf aux personnes de confiance, et que mes lettres tapées à l’ordi sont en général des réclamations !
Mes vacances à la mer se terminent et mes lecteurs vont se réjouir. Les mots ont jailli avec force remplissant des pages et des pages, INDIGO amorce ses derniers chapitres. Magie pure de la création ! Bonheur de la sérénité.
Dans quelques semaines sortiront « Les confidences de Carla » qui clôturent un cycle, celui d’une femme qui n’a jamais baissé les bras, qui voulait se prouver, bien plus à elle qu’aux autres qu’elle serait toujours un roseau qui plie mais ne se brise pas malgré les tempêtes, un peu comme moi disent mes fidèles.
Je crois en mon personnage et je suis heureuse que vous soyez si nombreux à y croire aussi car rien ne me semble plus important que de rebondir. La vie nous incite à faire des choix que nous regrettons parfois mais qui ne peuvent pas pour autant s’effacer, à prendre des risques qui nous mettent en danger, à croiser une destiné que l’on n’avait pas prévue. C’est tellement simple de sombrer dans l’agressivité, la dépression au moindre coup de grisou ou de tomber dans des addictions diverses. Écrire est une façon de rester les pieds ancrés aussi bien dans le réel que dans l’imaginaire.
Écrire, c’est entrer en résistance, c’est refuser l’ordre ou la logique établis, c’est sortir du « politiquement correct », c’est oser regarder le soleil en face.
Peut-être un jour, les mots sécheront sur mon papier. Peut-être un jour, je n’aurais plus envie ou besoin d’écrire, peut-être simplement ma mémoire ne sera plus ce qu’elle est et m’empêchera d’écrire ce que la parole m’empêche de dire. Je ne suis au fond qu’une écrivaine de l’ombre et par mes mots, j’espère juste pouvoir faire jaillir sur monde égoïste, un peu de lumière, déposer sur cette toile de la vie un peu grise en ces temps mouvementés un zeste d’amour, une simple caresse, une façon pour moi de me dire que mon insignifiante vie a un sens.