( 12 septembre, 2016 )

L’essence des personnages

Tout le monde peut écrire, il suffit de prendre un stylo et de gribouiller quelques mots, mais tout le monde n’est pas capable de donner la vie à ses héros. En dehors des best sellers, j’ai lu cet été beaucoup de livres autoédités, d’auteurs inconnus. J’ai découvert quelques perles, mais aussi trop de déception qui auraient pu être évitées.
Des personnages bâclés, peu travaillés, parfois hors sujet. J’ai envie de secouer un peu toutes ces nouvelles plumes qui pensent encore une fois que dès le premier jet fini, l’affaire est dans le sac. Même mes élèves de CM2 savent qu’il faut passer par 3 ou 4 jets avant d’obtenir un travail correct, et quand je dis correct, je ne dis pas parfait, car la perfection n’existe pas.
Mes personnages, je les aime, car je les modèle comme si mes mains les malaxaient avec de l’argile, je les construis petit à petit, doucement, comme s’ils étaient les enfants que je pourrais encore porter en mon sein. Carla est une invention pure faite d’un mélange de rencontres, de personnalités que j’ai travaillé jusqu’à obtenir cette femme unique, merveilleuse, une femme que j’aimerais avoir dans ma vie comme dit si bien mon amie Anne-Ju, pour boire un thé. Quant à mes polars, c’est la même chose, Antoine, c’est l’homme idéal, pour moi, que j’aimerais rencontré au coin de la rue juste pour prendre un verre, pour lire dans ses yeux ce poids des ans, pour qu’il me raconte ses enquêtes, stable, droit, fidèle, dévoué à sa cause, un homme plein de charme qui a vécu, souffert, marié à cette petite coquine d’Adelyse, ce petit côté libertin que nous avons toutes en nous, mais que trop de femmes cachent ou refusent par respect pour la morale, avouer. J’aime aussi Matt, cet homme torturé, partagé entre sa famille, ses désirs sexuels démesurés, ses amours, cet homme intelligent qui oeuvre dans l’ombre, cet homme en souffrance. Un nouveau personnage prend vie dans chaque manuscrit.
Pour moi, écrire un personnage, ce n’est pas juste le décrire, c’est pousser sa personnalité au-delà de la réalité, le caricaturer, le rendre à tel point vivant qu’il deviendra bien plus que des lignes sur une page, il sera votre ami, celui avec qui vous allez vivre, pleurer, rire et qui vous manquera une fois que vous aurez lu le mot de la fin.
Alors, amis de la plume, soignez vos écrits, relisez-vous, travaillez avec assiduité vos manuscrits, ne soyez pas trop impatients en bâclant pour publier vite. Redevenez des enfants, effacez, gommez, et réalisez des héros qui resteront gravés dans nos mémoires à jamais.

2 Commentaires à “ L’essence des personnages ” »

  1. Etienne Renaudon dit Tienou dit :

    C’est bien vrai Sylvie ^_^
    Chaque personne est une cathédrale, elle résonne de tous les maux des hommes, en mots, juste en mots. C’est la raison pour laquelle je ne précise jamais que les « personnages… fiction, pure coïncidence ». Justement non, il n’y a pas de coïncidences. Mes personnages existent puisque je les ai crées

  2. laurence colin dit :

    c’est tellement vrai …. moi ils me manquent tant quand l’histoire est finie… parfois meme j’ai souffert avec eux …

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