Ces livres que l’on ne lit plus.
Que de livres un amoureux des mots entasse dans sa bibliothèque chaque année, livres lus avec voracité, amour, curiosité, livre que l’on va adorer, que l’on va détester.
Pourquoi continuons-nous à les conserver comme de vieilles reliques usagées ?
Dernièrement, j’ai voulu faire du vide dans ces étagères bondées, mal rangées, où même un nuage de poussière avait élu domicile. Des romans jaunis d’une autre vie, des plus récents porteurs d’illusion, des souvenirs s’inscrivant dans l’histoire de ma vie.
J’avais préparé des piles bien ordonnées, destinées à être rangées dans des cartons, car un livre ne doit jamais être jeté ou brûlé. Je ne supporte pas cette idée. Soudain, une terrible angoisse m’a prise au ventre, impossible pour moi de me résigner à faire ce tri pourtant utile, nécessaire, inévitable, et pourtant … Me résoudre à faire un choix serait renoncer à ces moments perdus (le temps passé à lire l’est-il vraiment ?) à plonger dans ces mots, à faire corps avec ces personnages, à m’évader dans des histoires sentimentales ou romanesques, à vivre simplement hors du temps pour quelques instants.
J’ai donc calmement remis mes dizaines de livres à leur place, comme si ces étagères me garantissaient d’offrir à jamais un ancrage définitif à mes souvenirs. Pas si simple au final de tirer un trait sur son passé, même si ce n’est dans ce cas, qu’un petit morceau .
Il m’est pratiquement impossible de me séparer d’un livre. A quelques exceptions près (livre que j’ai donné, très rare! ) les livres qui manquent à mes étagères sont ceux que j’ai prêté et qu’on ne m’a pas rendu …
et certains me manque de façon notoire