Les failles de la médecine
Je ne vais pas clouer au pilori le monde médical, loin de moi cette idée, simplement je m’interroge comme beaucoup sur l’avenir de la médecine.
J’ai eu la chance durant toute ma vie, un demi-siècle, dirais-je, d’être soignée par des médecins merveilleux, à l’écoute, avec qui j’ai créé des liens simples mais réels.
Aujourd’hui, mon médecin, une femme fabuleuse que je vénère, n’exerce plus qu’un jour sur deux, ayant dépassé l’âge de la retraite. Mon coeur se serre sachant qu’elle finira par fermer son cabinet.
Que sera donc Demain ? Nous n’avons plus de médecins traitants, c’est une réalité. Nos grandes villes se vident. Qui sera là pour nous ?
Terrassée par une vilaine bronchite qui m’a obligée à stopper deux jours mon travail, et je ne le voulais pas, j’ai fait appel à un inconnu. Certes, j’ai obtenu un traitement de choc, un arrêt de travail, mais je suis restée frustrée. Cinq minutes, montre en main, pour la modique somme de quatre-vingt-deux euros, pas un regard, aucun renseignement demandé sur mes antécédents de santé. Je n’ai même pas dit que j’étais auto-immune ! J’ai juste réussi à glisser, avec l’impression de le déranger, que j’étais intolérante au magnésium. Il a juste haussé les épaules, sans un mot.
L’ennui est que cela m’interdit plus de 80% des prescriptions médicales, mais bon, c’est vrai que ce n’est pas bien intéressant, tout comme Hashimoto, tout comme une malade qui a juste l’impression de n’être qu’un tiroir caisse.
J’avais envie de lui crier que mon médecin, elle, me gardait plus d’une heure, qu’elle me considérait comme un être humain et non comme un vulgaire chéquier !
Mais cela n’aurait servi à rien. Je me demande parfois si ce choix professionnel, de ne pas prendre de cabinet n’est pas justement une façon de refuser le contact médical, un peu « à la Docteur House ».
En tous les cas, même si cela va me permettre, je l’espère, d’être sur pied, cela m’a bien fait cogiter. À quoi sert donc cette carte vitale si ces toubibs ne la regardent pas ? Sont-ils tous des encyclopédies médicales les dispensant de communiquer avec le malade ?
C’est vrai que si on fait appel à des médecins qui ne sont pas notre médecin traitant, c’est parce que l’on n’a pas d’autres choix, mais cela n’induit-il pas une dérive ?
Je pense toujours à un autre urgentiste en 1988 lorsque mon fils était malade, qui est venu parce que l’enfant souffrant de douleurs dans les bras alors qu’il subissait une radiothérapie quotidienne et s’est vu du haut de ses trois ans traité de capricieux !
Trois heures plus tard, il était dans le coma, oedeme du cerveau du à une overdose de radiothérapie sur les méninges. Huit heures plus tard, il était mort.
Pourquoi ces médecins se veulent-ils aussi indifférents ? Un sourire, un mot de réconfort, bon sang un être humain mérite bien cela, non ?
J’aurais tendance à dire qu’il y a les docteurs (dument qualifiés, voire spécialisés) et les médecins. Les uns font d’un titre une profession, tant qu’à faire juteuse quand est remboursé le prêt pour les études, les autres exercent un métier, ont choisi d’apporter un label d’humanité dans la relation.
Mon médecin, et ami, comme nombre de praticien aujourd’hui, en est réduit souvent à survoler la situation durant la consultation, mais il n’est jamais chiche d’un propos compatissant, d’une plaisanterie qui aide à se distancier des problèmes qui accablent, aveuglent bien souvent le patient. Il aide à relativiser… et sait quand c’est nécessaire, je n’ai pas même à lui demander, comme quoi il le fait au « feeling », se pencher un peu plus sur la situation que je lui présente.
Chacun fuit ses docteurs et colle à l’avis de SON Médecin !