( 29 septembre, 2016 )

Avoir le droit de se plaindre, parfois …

Saturée de notre société où chaque mot est édulcoré, où nous n’avons pas le droit de nous plaindre, parce qu’il y a plus malheureux, parce qu’il y a moins chanceux, parce que ce n’est pas bien , parce que ….
Résultat, parce qu’il existe, c’est vrai, des « grognons notoires » qui laminent sans cesse le moral des troupes, nous, les battants, les courageux, ceux qui en général sont là pour remonter le tonus des autres, on nous regarde de travers, car, oh horreur, on dirait que l’on ose se plaindre.
Je ne fais pas partie des personnes qui se plaignent souvent, évitant de déranger, mais je revendique le droit d’en avoir la possibilité. Pouvoir se plaindre, c’est poser des mots sur des souffrances physiques ou psychiques, et ce n’est pas juste une possibilité qui nous est offerte, mais un moyen de survie.
Nous, les malades atteints de maladies auto-immunes, nous avons appris, à force de voir les autres s’en moquer, à nous taire, nos mots restent donc coincés, ne sortant plus. La souffrance, elle, reste. Pour avoir de nombreuses amis dépressifs, le processus est identique. Sa taire, ne pas se plaindre, ne pas dire ce qui pourrait obliger l’Autre à s’interroger.
Dire  » Je suis fatiguée » au XXI siècle, c’est déjà signer son arrêt de mort. Une pince va nous déposer dans un casier où notre nom sera écrit en gros, où notre vie sociale sera regardée de travers, où nous ne serons au final « plus rien ».
Et bien moi, je vais faire imploser cette boîte et dire, oui, je suis fatiguée. Hashimoto, maladie psychosomatique selon certains, bousille mes anticorps, je me traîne donc avec une bronchite qui m’aime trop, un traitement digne d’un gros costaud de cent kilos, en état zombie. Je suis debout, même si je manque de m’évanouir à chaque pas, assume ma classe (et pourtant, j’ai tout sauf des petits anges cette année) pourtant, je ne me plains pas, mais je devrais le faire.
Nous avons un immense pouvoir, nous les hommes, celui des mots, et comme nous sommes tous des humains, nous sommes tous différents, certains résistants, d’autres qui ne connaîtront ni la maladie ni la souffrance ni la peine, d’autres plus douillets qui gémiront au moindre bobo. Et alors ? Qui peut juger du degré de ces douleurs ? Qui peut autoriser un individu ou un autre à se plaindre ? Qui peut dire ce que le mot « fatigue » signifie pour son voisin ?
Au lieu de continuellement aller se balader dans la basse-cour des autres, occupons-nous de nous faire du bien, même si se plaindre est une façon bénéfique de sortir la tête de l’eau. Mieux vaut cela que se noyer ! ( du moment que ce n’est pas à chaque seconde de notre vie)
Et si au passage, vous avez des solutions pour remonter une énergie en baisse, n’hésitez pas ! J’en ai bien besoin en ce moment, même si je ne me plains pas. Une aide sera toujours plus positive qu’une critique

3 Commentaires à “ Avoir le droit de se plaindre, parfois … ” »

  1. Tienou dit :

    Je ne peux que t’inviter à relire tranquillement ce que tu détiens. certains mots ressassés parfois embaument les heurts, ceux du corps mais aussi ceux de cœur, de l’âme.
    Bien sûr que trop de nantis du pouvoir de vivre haut ont le verbe facile. Ils ont aussi la clameur pour eux,, et les mots qui font mal. Pourtant combien ce serait mieux s’il savaient qu’ils peuvent se faire si mal en tombant de si haut ! car ils ne sont pas exempts que cela advienne.
    C’est la main sur ton épaule que je passe la journée, ou au fond de ta classe pour que tu puisses te rassurer, te revivifier d’un regard, suivie, veillée afin que tu ne tombe -_-

  2. Arnaud florence dit :

    Superbe écriture tellement bien retranscrits ce que nous vivons merci de cet écrit courage à toi et revois toute ma compréhension je suis en hypothyroïdie de Hashimoto depuis 88 alors oui je sais ce que tu vis amitiés soeur de maladie

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