Se pardonner
Pardonner », « Oublier », des mots qui s’écrivent un peu partout comme du miel dans les journaux prônant le zénitude, seulement voilà, si c’était tellement facile, il y aurait bien moins d’eaux qui couleraient de nos yeux. Pardonner a une connotation très spirituelle au final, le côté « gentil » en nous qui nous incite à passer l’éponge sur les moments pénibles de notre vie. Oublier, c’est un cran au-dessus, une façon de rayer définitivement l’autre ou une situation de sa vie, comme si elle n’avait jamais existé.
Est-ce aussi simple ? J’ai tendance à penser, et cela n’engage que moi, que toute personne saine d’esprit, emphatique, peut pardonner facilement, avec le temps, simplement parce que le recul va lui offrir, tel l’objectif d’un appareil photo, une nouvelle vision des choses. Souvent, cet angle que l’on découvre est surprenant. Le tableau est différent, le sens même peut-être changé. L’oubli peut ensuite s’avérer nécessaire si la personne a besoin d’avoir son espace pour avancer.
La difficulté n’est pas dans Pardonner, mais dans SE pardonner. Une autre paire de manches où là, on se trouve soudain face à son moi profond. Mon monde a explosé, j’ai perdu mon travail, j’ai perdu l’homme que j’aimais, je suis dépressive, cela m’arrange bien de dire que j’ai pardonné à toutes ces personnes, cela fait de moi une personne meilleure voire une victime, situation au final pas si désagréable. Je suis la « pôvre fille » qui n’a jamais eu de chance. Faut cesser ce genre de réflexions complètement égocentriques, on a toujours le choix, on est défini par ces choix. Si j’ai perdu l’homme que j’aimais, c’est que j’ai accepté cet état de fait, soit en refusant de me battre pour le garder, soit en l’aimant mal ( trop aimer n’est pas aimer), soit en tombant dans un cercle infernal dans lequel je me suis noyée, et ce n’est pas à ce type, même si c’est un parfait salaud, que je dois en vouloir, c’est moi et moi seule que je dois pardonner. Je dois accepter d’avoir trop aimé, d’avoir mal aimé, d’avoir peut-être par orgueil, par protection refusé de dire les mots qui auraient tout changés.
Se pardonner, c’est s’autoriser à tourner une page sans la déchirer, c’est pouvoir prendre un stylo mauve et remplir de nouvelles lignes, c’est entrebâillé une petite fente où tout peut arriver, si l’autre, lui, arrive aussi à se pardonner …
Très évidemment, ce serait l’idéal, la condition optimum pour une vie saine. Mais l’autre n’est pas toujours à la hauteur d’une telle magnanimité.
Alors? Alors choisir de bannir cette notion de bien et de mal et vivre simplement les choses qui adviennent.
On se doit seulement d’espérer de vivre, loyalement, en toute probité -_-