( 8 octobre, 2016 )

Le jour où j’ai cessé de souffrir …

On croit toujours que la souffrance est éternelle, peut-être simplement parce que notre éducation nous l’a rentré dans le crâne. Vivre, c’est souffrir. Et bien, je dis non, il faut que cesse cette spirale négative. Bien sûr, des souffrances, nous en vivrons tous, mais à nous de ne pas les porter comme un fardeau.
La pire souffrance que j’ai vécue est la perte de mon fils il y a vingt-huit ans. Je ne peux concevoir, même à ce jour plus grande douleur. Un enfant ne doit pas disparaitre avant ses parents. C’est le cercle de la vie qui se retrouve fracturé.
Je suis passée par toutes les longues étapes du deuil, oscillant entre peine, colère, apathie, transfert, et j’en passe. Il en a fallu des années, et puis un matin, il y a plus de douze ans, je me suis réveillée sans douleur, je ne souffrais plus. Son souvenir m’inondait de bien-être. Je n’étais plus remplie de révolte ou de pensées négatives, j’arrivais à trouver un sens dans un non-sens, une acceptation tacite. Il était parti, il ne reviendrait plus, rien ni personne ne pourrait jamais le remplacer, mais moi j’étais là, bien vivante et je me devais d’honorer sa mémoire en étant la plus forte possible, la plus vivante possible. J’ai transformé chaque instant de douleur en une perle de vie et d’espoir. J’ai réussi jusqu’à ce qu’Hashimoto me coupe l’herbe sous le pied, il y a trois ans. Là, j’ai pris une nouvelle claque, encore un deuil à faire, celui de mon énergie, de ma vitalité, de mon positivisme. J’ai chaviré durant des mois un peu comme une barque sans boussole, puis une fois encore j’ai donné un sens à l’inexplicable. Pour lui, je me suis redressée, mise à publier, à tendre la main à des malades qui n’avaient pas eu ma chance. Je ne voulais pas que cette douleur revienne, je refusais que quelqu’un appuie volontairement sur d’anciennes cicatrices. Alors, ce fut long, car il faut du temps pour tout. Mais je me suis relevée, encore, comme lui le faisait si bien du haut de ses trois ans le corps plein de souffrance.
J’ai pris un nouveau carnet et en gros, j’ai écrit ces mots  » Le jour où j’ai cessé de souffrir ».
Bien sûr, il y a des jours où cela fait encore un peu mal, des jours où je n’accepte toujours pas d’être tombée malade, de n’avoir pas eu sa force, des jours où il me manque tellement, où je me demande ce qu’il serait devenu, lui qui aurait aujourd’hui plus de trente ans. Mais ces moments-là ne durent pas et je dessine vite sur mon carnet à dessin un immense coucher de soleil orangé. Alors, je me dis, ce soir le soleil se couche, j’ai un peu le coeur gros, mais demain sera un jour merveilleux !
Parce que lui croyait à la vie et que par son dernier souffle, il m’a laissé cette force, je  lui dois bien cela, vous ne croyez pas ?

2 Commentaires à “ Le jour où j’ai cessé de souffrir … ” »

  1. Marin dit :

    Bonjour,

    Ma fille survit chaque jour un peu plus à son neuroblasthome et moi j’apprivoise Hashimoto lentement. Je vous lis depuis aujourdhui et je prends conscience quaimer la vie comme nous laimons nest pas inconscient, inconcidéré… Ca nest pas un trouble de la pensée puisque cest partagé! Merci pour ces beaux mots

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