Éducation nationale, mon amour, que deviens-tu ?
C’est rare que je sorte mon stylo pour parler de l’éducation nationale, mais ces jours-ci, je ne cesse de lire des inepties dans les récentes déclarations de politiques de tous bords. Arrivera-t-il un jour où on demandera l’avis des enseignants de terrain et non des syndicats planqués ? Je suis fatiguée de constater le nombre de fausses rumeurs propagées sur les réseaux sociaux concernant cette profession qui reste pour moi, une des plus belles. Les enseignants quittent le navire. C’est une réalité et on se demande pourquoi ? On nous parle d’embauche de centaines d’enseignants pour combler les arrêts, mais c’est un leurre. Plus personne ne veut faire ce métier, Enfin j’exagère, certains en rêvent, sans savoir mais au final, et on va jusqu’à lancer des demandes d’emplois à l’ANPE dans certains départements. Cela ne vous choque pas ? Confier à une personne dotée d’un diplôme de commerce une classe ? Sans formation ? Résultat, les « volontaires » ne restent pas, et je ne leur jette pas la pierre. Trop dur dans les banlieues chaudes !
Quant aux jeunes générations, la majorité pensent déjà au bout de cinq ans à une reconversion. C’est qu’il y a un gros malaise, non ?
Avec un Bac plus 5, un professeur des écoles est sous-payé, mal vu, maltraité. Certes, il a 24 heures devant les élèves, mais personne ne compte le nombre d’heures qu’il passe à préparer les cours ( et qu’on ne me dise pas que l’on reprend les anciens, les programmes ont changé cette année), à mettre en place des projets, à corriger des copies ( plus de deux heures de correction tous les soirs en CM2). Trop d’arrêts de maladie ? Je ne sais quelle école est choisie, car chez nous, c’est le minimum. Pour ma part, atteinte d’une maladie auto-immune, victime d’une bronchite carabinée, j’ai refusé un arrêt de plus de deux jours ne voulant pénaliser les enfants, justement car non remplacée. Alors, une loi visant à être reçue par le médecin conseil ? Je ne rêve que de cela ! Pouvoir être entendue, pouvoir expliquer pourquoi j’aurais besoin d’un temps aménagé car les classes difficiles nous bousillent de plus en plus, et je vois déjà de jeunes enseignants s’effondrer en larmes certains soirs. Seulement, voilà, la pénurie d’enseignants nous oblige à rester, et les aménagements de pré-retraite n’existent plus. Allons-nous tous finir notre carrière en déambulateur ? Vous voyez un peu le tableau ? Pourquoi ne pas laisser la place aux jeunes ? Et avec de vraies formations ?
Quant aux nouveaux rythmes scolaires, n’en parlons pas. On a voulu faire plaisir aux parents, cela a permis de gagner des voix électorales, mais sur le terrain, c’est une catastrophe ! Si depuis Jules Ferry, le mercredi (plutôt le jeudi à l’époque) a été instauré, c’est qu’il y avait une raison. Aujourd’hui, les élèves sont sous pression tous les jours, résultat les résultats sont dramatiques, l’énervement est à son maximum le vendredi, tout se détériore. Et je ne parlerai même pas de la fatigue, ni des onze semaines à partir d’Avril … où est le bien-être de l’enfant dans tout cela ? Car on semble oublier que ce ne sont QUE des enfants ! Ils ont le droit de ne plus pouvoir rester concentrer, de ne plus savoir où donner de la tête avec ces NAP qui leur font terminer un jour sur deux à une heure différente. Où est le rythme de l’enfant dans tout cela ?
Ah, il y a de merveilleuses écoles pilotes où tout marche à merveille. Tout est dit dans « pilote », des moyens, des enseignants et des élèves souvent triés sur le volet, mais les autres ?
Je suis triste de voir cet univers que je respecte, que j’aime beaucoup, partir en vrille. Les classes surchargées, les fossés se creusant entre certains élèves, sur quels critères se base-t-on au ministère ? Que veut-on vraiment ? La réussite de toute une génération ou faire plaisir à des parents prêts à tout pour se débarrasser de leurs enfants, pour que l’école les éduque ?
Idiotie de penser que la France peut être comparée à la Suède ou la Norvège. On est tellement différents, tentons des réformes à portée et surtout soyons capables de reconnaître que cette réforme est un échec avant d’avant bousiller une génération complète.
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