( 18 octobre, 2016 )

L’opinion des autres

Dès notre plus tendre enfance, nous nous heurtons à l’opinion des autres, à leurs regards souvent désapprobateurs. Nous grandissons en n’étant au final que le produit de ces remarques, de ces signes. Ce n’est qu’en prenant de l’âge ou des coups diraient certains que nous prenons pleinement conscience du vrai pouvoir des mots.
Un enfant que l’on traite de « nul » ou de « paresseux » n’aura que deux options, se battre contre cette idée et devenir le meilleur (mais cela va nécessité une sacré volonté), soit se conforter dans cette vérité et devenir un looser.

Nous ne choisissons pas notre physique, sauf si nous utilisons le bistouri, nous ne choisissons ni de tomber malade ni qui fera battre notre coeur. Ce manque de contrôle nous incite à croire les autres plutôt que nous, et là est le véritable drame.
Je pense à un cas bien particulier dessinant encore comme sont difficiles ces maladies auto-immunes. Une enfant de treize ans, traitée de « grosse vache » par ses amis, par ses parents aussi. Par un concours de circonstance, je rencontre cette famille. La gamine est effectivement obèse, ses cheveux sont ternes, les cernes sous ses yeux gonflées, elle s’endort en classe. Je sais que je suis obnubilée par les maladies de la thyroïde, mais je ne peux m’empêcher de leur suggérer de faire un examen sanguin. La père me répond : »N’importe quoi ! Si elle ne s’empiffrait pas de bonbons et de gâteaux en tous genres, et puis c’est la puberté. C’est une paresseuse. » Je suggère à la maman n-:on recueil, juste pour l’informer.
Que répondre ? La jeune fille semblait en souffrance. Six mois après, je croise la maman, souriante qui m’embrasse pour me remercier. La petite était bien en hypothyroïdie et non des moindres avec plus de 15 de TSH, et les anticorps Hashimoto. « Elle ne le faisait pas exprès » fut sa remarque. L’histoire ne dit pas si cette enfant vivra sans séquelle psychologique, si les années à avoir subi les moqueries de ses proches ne l’ont pas réduit à néant.
L’opinion des autres est pire qu’un sabre aiguisé. Taper où cela fait mal est si facile. Untel avec des lunettes myopes sera ridiculisé et traité de binoclard , celle avec des kilos sera rejetée, comment ne pas être touché par ce venin ?
L’image du poids est un fléau de notre société montrant la femme idéale anorexique, sans forme. Comment une jeune fille peut-elle aujourd’hui se construire ainsi ? Hormis une poignée d’hommes aimant les sacs d’os, la plupart reluquent les femmes épanouies, même s’ils n’oseront jamais l’avouer publiquement. Mais en tant que femme dodue ( terme employé par ma gynéco avec beaucoup de doigtés), je revendique le droit d’avoir des formes. Nous avons un vrai devoir envers la nouvelle génération, qui, elle, sera vite en surpoids à cause des cochonneries que l’on nous met dans les aliments ( trop de sucre, trop de graisse, trop d’engrais déréglant la thyroïde …). Nous avons le devoir d’apprendre à ces jeunes à s’accepter, parce que l’amitié ou l’amour ne se mesure pas à une affaire de kilos, parce que le monde tournerait bien mieux si l’empathie était la véritable valeur qui émergeait. L’opinion des autres est leur seule vérité, à eux, elle n’est pas celle de tout le monde. Faisons en sorte de façonner un monde où chacun s’acceptera tel qu’il est. Pas facile, mais pas impossible.

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