( 21 octobre, 2016 )

Ce qui reste

Parfois, le temps passe si vite que l’on oublie qu’il existe, ce temps, pourtant si précieux que l’on pactiserait avec le Diable pour juste quelques heures en plus.
Parfois on crèverait d’envie de faire un saut en arrière afin d’effacer l’inévitable, ce qui fut, l’instant qui a tout changé. Et puis, par hasard, car au fond on ne le désire pas vraiment, on sort une boite, ordinaire, une vieille boite à chaussures cabossée, un peu usée, on va alors oser ce que l’on s’était juré de ne pas refaire, l’ouvrir et regarder, un plongeon violent dans le passé.
Au final, on s’aperçoit, presque avec tristesse, qu’il ne reste presque rien, que notre passé, toutes ces larmes, tous ces moments de pur bonheur se retrouvent juste dans ce minuscule petit carton où trainent, selon les circonstances, un vieux mouchoir parfumé, quelques bijoux, un doudou limé, photos et lettres jaunis, des souvenirs lointains, oubliés comme quelques chansons gravées que l’on ne peut plus écouter. Il ne reste rien même pas des cendres, un mot écrit rapidement, signature illisible porteuse pourtant d’une telle chaleur au coeur que l’on n’a pas voulu le jeter à l’époque, dans une autre vie, impression issue d’un autre monde, carte que l’on garde comme un présent, pourquoi au fond ? On retrouve aussi des premières dents, de qui sont-elles ?, minuscules, séchées, des quenottes de bébés, une tétine abimée, des photos oubliées, qui sont donc ces visages effacés de notre mémoire ? Ils devaient compter pour les avoir gardés.
Ouvrir une vieille boite, c’est affronter son passé en pleine face, avec courage, car tout ne fut pas rose, avec humour, car les grandes guerres semblent bien dérisoires et les rancunes illusoires. Il ne faut surtout pas s’attarder, regarder, oui, même pleurer, on y est autorisé, mais bien vite, il faut refermer le couvercle et ranger ce passé pour avancer sans reculer.

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