Comment se porte l’édition ?
Assistant à des débats parfois houleux sur le choix d’éditeurs peu connus, de grosses éditions ou d’éditions indépendantes, je me dis que personne ne se pose la vraie question, qu’est-ce que l’édition aujourd’hui ? Quel sera l’avenir du livre ?
Il faut faire cesser toutes ces masturbations intellectuelles et se pencher sur la réalité, celle du public, des lecteurs. Ces derniers se tournent-ils vers une édition ou vers un livre avec toute l’essence qu’il représente ?
Les médias ne cessent de nous alarmer que le livre va plutôt mal, que 5% de maisons d’édition ferment leurs portes chaque année. Est-ce une catastrophe ? Certaines ferments, d’autres naissent, une quinzaine en 2016. Et puis,les gros éditeurs, eux, misent sur leurs auteurs phares pour faire tourner la boutique ou rentrer de l’argent dans les caisses, donc le livre ne va pas si mal.
Les statistiques montrent surtout que le roman « classique » ou philosophique est en baisse de vente pour se trouver supplanter par « les livres qui font du bien » en hausse à 70% parce que notre monde va mal, parce que les gens n’arrivent plus à trouver seuls des solutions à leurs problèmes, les livres à caractères médicaux, les livres zens ou les coloriages d’art thérapie qui implosent les ventes, ceux qui offrent des pensées positives. Les lecteurs ont besoin de se faire du bien. Un français sur trois aura lu dans l’année un ouvrage de ce genre. ( coloriages dont une sortie par mois, L’esprit Papillon de Agnès Ledig et Jack Koch qui explose les ventes et à juste titre …)
Les dernières statistiques de l’été 2016 montrent que les vacanciers ont lu majoritairement des polars pour s’évader et vivre des sensations fortes, des romans « simples » comme ceux de Levy ou Musso ou des magasines. Hormis les vrais lecteurs, les autres, une écrasante majorité, n’ont aucune envie de se prendre la tête avec un livre philosophique ou compliqué.
Là se pose la valeur de tous ces prix littéraires lus seulement par des intellectuels. Sont-ils représentatifs de notre société ? En dehors des prix des lecteurs Fnac ou Amazone ? Un sondage montre que seulement 12% des lecteurs s’intéresseront peut-être à un prix littéraire. C’est peu, vraiment peu, alors qu’il y a 15 ans, on atteignait les 80%.
Pourquoi ?
À mon avis, mais cela n’engage que moi, ce phénomène est lié à la profusion de possibilités offertes. Avant, seules les grosses éditions offraient des titres. Aujourd’hui, l’édition indépendante est en train de prendre une place qu’il ne faut pas ignorer et qui, d’ici quelques années, aura un vrai impact sur la chaine du livre. Comme je l’ai écrit plus haut, 5% des éditions se cassent la figure en cinq ans, entrainant l’auteur avec lui. C’est une des raisons pour laquelle, contrairement aux States où les auteurs sont majoritairement liés à l’édition indépendante et vivent de leur plume , ce cas est très rare en France.
Il est important de cesser de se voiler la face. Trop d’auteurs rêvent de signer dans de « vraies » éditions comme ils aiment à le dire croyant encore qu’ils auront une promo d’enfer, avec gros titres dans la presse, affiches et j’en passe. C’est une ineptie ! Seuls les auteurs connus auront ce privilège et ils se comptent sur les doigts d’une main. Pour avoir cette chance (mais est-ce vraiment une chance ?), il faudra d’abord avoir rapporté à l’édition un chèque avec de nombreux zéros derrière le « un ».
Quant aux autres, ils auront juste le privilège de dire » J’ai signé chez un vrai éditeur », mais leur rêve de grandeur se stoppera vite.
Alors si vous n’avez rien à faire d’autre de votre vie, faites la chasse aux éditions, en croisant les doigts pour que votre livre puisse vivre longtemps, qu’il puisse être diffusé dans les grandes enseignes, les librairies, mais n’y croyez tout de même pas trop. Toutes les maisons d’édition vous feront miroiter un pont doré et bien peu tiendront leurs promesses. Un sondage récent montre que les frais de distributeur, de diffuseur, empêchent la plupart des éditions d’investir dans une promotion médiatique.
Alors, édition indépendante ? Édition classique ? Quel avenir ?
Je viens d’énoncer les limites de chacune, la promotion, être connu, être diffusé correctement. Je suis une utopiste refusant les chaines. Je publie donc aussi bien mes livres dans une édition alternative que dans une édition classique. Mes livres se vendent mais la promotion reste très faible. Peut-être un jour, si j’ai le temps, tenterai-je l’auto-édition, juste par curiosité, pour voir si je peux toucher un autre profil de lecteurs car au final, pour moi, seul le livre compte. Le reste, je m’en moque.
Je ne sais pas ce que va devenir le monde de l’édition, et cela m’indiffère car je ne suis qu’une plume qui refuse de se fondre dans un moule ou dans des directives éditoriales. Mes mots m’appartiennent et je refuse qu’on t touche pour les modeler, pour en faire du commercial. Un auteur qui voit son livre écrit, réécrit, transformé par une maison d’édition n’est pas pour moi un écrivain.
Je ne suis certaine que d’une chose, un bon roman n’est pas celui d’une édition, mais de la plume d’un auteur. Et rien que pour cela, je pense qu’il reste de l’espoir pour de beaux et nombreux romans à lire.
Vous dites ce qui est réel et je vous admire.
J’ai publié un livre chez Milady sous pseudo
J’ai vendu 5000 livres mais depuis six ans je n’ai plus eu de nouveaux contrats et suis bloquée par l’initial.
Vivez vos rêves et gardez votre liberté
Bravo pour cet article qui dit tout haut ce que tout le monde pense tout bas.
Tout est dit, le scandale des éditions, les prix qui sont des copinages, les petits auteurs qui ne s’en sortent pas …