Lorsque les mots ne veulent rien dire
Il y a des jours, comme il en existe tant, des jours ordinaires, des jours « sans » où nos mots ne veulent rien dire. Ce sont ces moments où le besoin de solitude est tel que parler nous coûte. Signe du Cancer, comme tout crabe, j’aime la solitude, ces instants volés où je m’envole, ces minutes que j’étire pour les vivre pleinement. J’ai mes phases de sociabilité et celles à l’inverse où je fuis les autres. C’est ainsi depuis toujours et ceux qui me côtoient, qui m’aiment m’acceptent telle que je suis.
Ce seront des jours où je ne répondrai que d’un signe de tête ou pire, je croiserai une personne sans la voir parce que je ne serai pas vraiment là, ce seront des jours où le matériel, l’argent me laisseront totalement indifférents, des jours où la réalité ne m’effleurera même pas, des jours heureux au final.
Cela fait du bien le silence des mots.
Nous en usons tellement dans notre vie courante, surtout moi qui suis enseignante, jusqu’à ne plus avoir de salive parfois. Des mots pourtant presque toujours identiques, des mots destinés à rester dans un moule de sociabilité, dans un confort douillet.
Ce seront les « Comment ça va ? » Auxquels nous répondons inexorablement » Bien, et toi ? »
Mots insipides, mots qui ne veulent rien dire, car nous n’allons pas spécialement bien, mais qui cela intéresse-a-t-il ? Nous vivons aujourd’hui dans une bulle afin de nous protéger du regard des autres, de leurs pensées négatives ou simplement afin de nous préserver. Nous sommes tellement habitués aux contacts rapides sur les réseaux sociaux que nous ne pouvons plus aligner une conversation sans saturer.
Dans les moments « avec », je suis une inconditionnelle bavarde aimant les joutes philosophiques, les échanges, pouvant écouter les autres avec plaisir.
J’aime que les mots aient un sens, qu’ils vivent, qu’ils dansent, qu’ils m’emmènent ailleurs. J’aimerais que les mots puissent toujours vouloir dire quelque chose, même si parfois ce sont juste des mots qui ne sont pas dits, des mots que la nuit a écrits, des mots que le souffle d’une plume a tout simplement tracé relle une caresse.
Sous le toit où je t’invite, les mots viennent se reposer. Je ne suis pas non plus forcément bavard. Et pourtant je fais défiler les mots quand le cœur m’y porte, tu le sais bien.
Alors n’oublie jamais : mes « comment te sens-tu aujourd’hui » sont vraiment des questions pour savoir…
Mais à moi aussi les mots font la tête parfois, si fort et tant que j’en ai parfois le vertige, que mon esprit s’affole comme un damné. Ces moments là, le silence essaie de m’inspirer. Et c’est bien ce qui se passe puisque dans le besoin de l’autre, un mur se dresse devant moi. Toujours.
Dis les mots Sylvie, à ton tempo ou à contre temps, ce qui compte c’est le point d’orgue ^_^