La solitude et l’écriture
Suite à un passionnant débat sur un groupe littéraire, je pose ma plume, seule, pour réfléchir rapidement. Pour moi, le départ d’un acte d’écriture se fait dans une solitude absolue, parce que j’ai besoin de silence pour sentir les mots glisser. Après chacun est différent, celui qui tient la plume aura ses propres raisons pour remplir des lignes, et même si les autres, indirectement interfèrent, il reste, seul, une plume.
Le seul acte d’écriture où d’autres vont jouer avec les mots à la place de l’écrivain sera celui imposé à l’école ou dans des ateliers d’écriture, jeux d’écriture amusants pour ces derniers, mais que j’ai toujours trouvé frustrants. Peut-être est-ce un peu narcissique, mais je déteste que l’on touche à mes pensées, à mes phrases. Changer un mot, c’est comme toucher à l’essence du manuscrit. Lorsque l’on débute, c’est un parcours obligé surtout dans une maison d’édition, et j’ai vu mes mots transformées pour mon premier Carla. Ce fut la seule fois, l’unique roman, ayant depuis interdit qu’une seule ligne soit modifiée. J’ai pour cette même raison refusé deux contrats dans de grosses éditions. Être libre n’a pas de prix, et dans notre époque compliquée, se retrouver avec un livre publié à notre nom où plus rien n’est d’origine m’horripile (et c’est pourtant plus fréquent qu’on le pense)
Où est alors la satisfaction de publier si le manuscrit n’a plus sa saveur d’origine ?
Pour revenir au débat initial, est-ce un acte solitaire dans sa globalité ? C’est variable, je pense, selon les sujets, les moments et ce que l’on met sous le mot « écriture ».
Sont-ce les premiers jets ? Les relectures ?
Lorsque j’ai écrit Rouge, j’ai déjà raconté cette anecdote, ce fut au départ une histoire romantique, style Harlequin. J’étais en vacances, c’était l’été et puis le début de textes s’étant volatilisé. J’ai mis des mois à me relancer, poussée par un collègue qui m’a incitée à écrire un roman policier. Ce premier livre n’était qu’un brouillon sans aucune intention d’être lu, juste un amusement. La suite veut que trois ans après, je publierai en 2017 mon dixième roman. Un joli parcours dont je suis fière, ayant ensuite vogué seule. Il n’en demeure pas moins que mes bêtas lecteurs restent mes béquilles sans qui je ne pourrais jamais progresser.
Solitaire ou non, l’écriture reste une des plus belles façons de communiquer avec son prochain et d’offrir à des potentiels lecteurs un petit moment d’évasion.
La lecture reste souvent, ensuite, un acte solitaire, pour moi, mais quel plaisir !
partir cela n’est rien. Mais écrire, ah ! Ecrire !