Aragon et Elsa, un mythe ?
Une fois n’est pas coutume, je vais parler d’un sujet qui me tient à coeur, la poésie, et un de mes auteurs fétiches Louis Aragon. J’étais en première lorsque j’ai découvert la plume de cet homme, et j’en suis tombée, du haut de mes seize ans, amoureuse. Quelle femme ne trouverait fascinant un homme qui a su distiller tant d’amour au travers de ses poèmes ? Qui ne rêverait pas d’être ainsi un jour une muse ?
« J’étouffe de toutes les choses pas dites, sans importance, mais qui auraient valu la vie simple, sans interdits. » écrit un jour Elsa à Aragon.
Trente-cinq ans d’amour, de passion, un rêve qui s’est brisé un jour lorsqu’un ami me conta que cette relation n’était qu’une illusion, il aimait Elsa, mais pas que, il aimait aussi les garçons.
Je fus très déçue lorsque je découvris cette facette du poète, non parce qu’il fut gay, mais parce que je voulais croire qu’un tel amour était possible, que les mots exprimaient tant de vibrations qu’ils ne pouvaient qu’être vrais.
Aragon était donc comme beaucoup de personnes, portant un masque. Au fond, est-ce si important ?
Chaque artiste porte en lui la trace d’une muse ou d’un mentor, d’un amour souvent non partagé qui libère les mots. Et puis, avec l’âge, j’ai découvert que l’on pouvait aimer plusieurs personnes différemment, autrement, sans pour autant que les mots d’amour sonnent faux.
Quelques extraits …
Les yeux d’Elsa
« Tes yeux sont si profonds qu’en me penchant pour boire
J’ai vu tous les soleils y venir se mirer
S’y jeter à mourir tous les désespérés
Tes yeux sont si profonds que j’y perds la mémoire
(…)
Tes yeux dans le malheur ouvrent la double brèche
Par où se reproduit le miracle des Rois
Lorsque le coeur battant ils virent tous les trois
Le manteau de Marie accroché dans la crèche
(…)
Il advint qu’un beau soir l’univers se brisa
Sur des récifs que les naufrageurs enflammèrent
Moi je voyais briller au-dessus de la mer
Les yeux d’Elsa les yeux d’Elsa les yeux d’Elsa. »
Il n’y a pas d’amour heureux.
« Mon bel amour mon cher amour ma déchirure
Je te porte dans moi comme un oiseau blessé
Et ceux-là sans savoir nous regardent passer
Répétant après moi les mots que j’ai tressés
Et qui pour tes grands yeux tout aussitôt moururent
Il n’y a pas d’amour heureux
Le temps d’apprendre à vivre il est déjà trop tard
Que pleurent dans la nuit nos coeurs à l’unisson
Ce qu’il faut de malheur pour la moindre chanson
Ce qu’il faut de regrets pour payer un frisson
Ce qu’il faut de sanglots pour un air de guitare
Il n’y a pas d’amour heureux.’
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