Cette phrase que nous avons tous entendue un jour, et qui va nous clouer sur place. « Lève-moi un doute ! Es-tu certaine qu’il tient à toi ? Qu’il t’aime ? Es-tu sûre que ton livre est bon ? Es-tu convaincue de ce que tu avances ? »
Alors le doute s’installe, et avec son partenaire la suspicion. On se met à refaire l’histoire, à tirer des phrases déjà faites de notre mémoire, tel un puzzle on part à la chasse de l’indice, celui effectivement qui va nous plonger dans un abime sans fond.
Comme tout artiste, le doute fait partie intégrante de ma vie. Je ne suis jamais certaine de bien faire même si j’ai tout fait pour pointer vers le meilleur. Ce doute là permet de grandir, de progresser, de devenir meilleur, et puis il y a l’autre, le doute pervers celui dont on n’a pas de réponse, celui qui fait mal.
N’étant pas narcissique, je ne me suis jamais posée de questions sur ce que je renvoyais aux autres. Vivant avec des enfants qui sont toujours très positifs, je ne retenais que des compliments simples » joli sourire » , » tu ne fais pas ton âge »
Et puis un jour, il y a toujours un jour, le jour que l’on n’oubliera pas, où on apprend par l’ami d’un ami que ce dernier ne nous apprécie plus parce que l’on est un peu trop ronde.
Pour moi ce fut plus violent que si une voiture m’avait renversée. J’ai pris ce doute en pleine face, l’ami n’a pas réagi. Ce fut le pire. Des années après, je m’interroge encore. Mes petits kilos furent-ils un obstacle à notre complicité ou simplement nos routes devaient se séparer ?
Le résultat ne s’est pas fait attendre. Au lieu de fondre, j’ai pris des kilos de doute. Je me suis détestée de n’être que ce que j’étais. Je m’en suis voulue.
Et puis le temps efface les mots. J’ai retrouvé mon poids ( ce qui ne veut pas dire que j’ai une taille de guêpe, mais je suis de nouveau en accord avec moi). Je me suis pardonnée de n’avoir pas été assez forte, j’ai pardonné à ceux qui ont pensé ces mots.
Une question reste, et si je n’avais pas douté, et si j’avais accepté simplement de n’être que ce que j’étais au lieu de souffrir de ne pas être ce que cette personne voulait, aurais-je pu m’éviter ces mois de souffrance ? La douleur nous pousse involontairement à faire aussi du mal par ricochets, quel incroyable gâchis ce poison qui s’est distillé. Là il s’agissait de presque rien qui a déclenché un tsunami, mais chaque différence attire des pics qui poussent au doute.
Conclusion. Ne laissons pas le doute pourrir notre présent, ne cessons surtout jamais de croire en nous.