( 2 juillet, 2017 )

Ce mirage, la retraite

La quoi allez-vous me dire ? Vous savez bien, cette carotte que l’on vous fait miroiter depuis le jour où vous signez votre premier contrat de travail, ce qui vous pousse à vous surpasser parce que vous imaginez déjà avec ferveur le rêve éveillé, à un âge où vous serez en bonne santé, prêt à faire le tour du monde. Et oui, lorsque j’ai signé, c’était 55 ans …

Et puis, les gouvernements se succèdent, l’âge de la retraite change, les rêves s’effondrent.

Le premier qui me parle du bonheur de prendre sa retraite, je lui envoie une cannette dans la figure. Honnêtement, lorsque j’ai signé mon premier contrat, je n’avais que vingt ans. Je finirais donc à soixante-deux ans, peut-être, mais ce que l’on ne nous dit pas, c’est,  ayant bossé avant quinze ans dans le privé, ma retraite de l’EN n’atteindra pas les 60%, et celle d’avant , accrochez-vous, même pas 100€ par mois !

Avant, je rêvais d’une retraite où j’aurais pu, vu le nombre d’années travaillées, le nombre d’enfants que j’ai mis au monde, voyager, faire les musées, vivre de mes passions. Aujourdhui, je serre les dents , et regarde d’un regard bien triste un avenir bien sombre. Je finirais telle une loque à 62 ans voire 65. J’ai envie d’interpeller les gens. Vous pensez vraiment que laisser des enseignants d’école ( collèges et lycées c’est autre chose) avec un âge si avancé n’est pas une ineptie ? Faut laisser la place aux jeunes ! Vous imaginez les écoles peuplées de vieux instits avec leurs canes, montant avec difficultés les escaliers, n’arrivant plus à tenir une classe, sujets aux trous de mémoire ? Derrière un bureau, c’est possible, devant trentre enfants du XXI siècle, c’est une ineptie.

Cela me fait peur lorsque je vois l’énergie que j’ai du mettre cette année qui m’a laissée sur le carreau avec le corps en lambeau, debout, oui, mais à quel prix ?

Combien de temps allons-nous tenir ? Et nous sommes toutes une fourgette dans ce cas. Cessons de regarder nos vacances, c’est un leurre ! On n’arrive même pas dépasser l’âge cinquante ans à récupérer avant quinze jours  ! Que l’on ne s’étonne pas si les jours d’arrêts maladie vont s’allonger, si les burn out vont s’accentuer, et si la relève se fera de moins en moins grande. Les seuls qui tirent leur épingle sont les vieux instits dans les campagnes. La vie dans les cités, c’est loin d’être le paradis !

Ministres, présidents, parents, venez passer une semaine dans notre univers. Il est merveilleux, je l’adore, mais ne rêvons pas, aussi motivés soit-on, on ne tiendra pas !

Et la retraite, pas sûr qu’un jour, on puisse être debout pour la savourer.

N’est-ce pas une honte dans un pays dit civilisé ?

2 Commentaires à “ Ce mirage, la retraite ” »

  1. handiparisperpignan dit :

    je te suis bises

    Dernière publication sur Les mots d'Ysabelle : Coller...

  2. Tienou dit :

    :-(
    C’est sûr qu’abordée sous cet angle ce n’est pas une sinécure !
    Jeune, on m’a vanté les mérites du travail, pas tant que cela ceux de la retraite et aujourd’hui cela se confirme dans la bouche de bien des gens.
    Je suis de ceux qui ne s’en tirent pas trop, même bien amoindri et mes revenus aussi. Néanmoins, c’est en se glissant dans la peau du retraité quand on y est rendu–et seulement à partir de ce moment-là–on envisage les choses avec un peu plus de sérénité je crois ;-)

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