L’ingratitude
« Les enfants sont vraiment ingrats » me disait dernièrement une lectrice. Les enfants seulement ? Le monde d’aujourd’hui est ingrat. Il fut une époque où les hommes s’intéressaient aux autres. C’était Avant. On assiste à une cascade de rejets plongeant l’humanité dans des sentiments comme la dépression ou la tristesse.
Bon sang, est-ce si difficile de regarder les autres ? De ne pas vénérer le culte du moi ? J’ai l’impression que cela devient un parcours du combattant. À un instant de ma vie, une personne m’avait signifié qu’elle n’était pas assidue en relation, ou en communication. Sur le coup, je n’avais pas compris ce que ces mots signifiaient, mais cela m’avait tout de même bloquée. Comment peut-on installer une communication, une relation saine avec une personne si déjà à la base elle sait qu’elle ne pourra pas suivre ? L’ingratitude naît principalement de ce sentiment de rejet, de cette émotion violente que l’on reçoit ou plutôt que l’on ne reçoit pas.
Pour revenir aux enfants, un parent qui va tout donner à son enfant ressentira de l’amertume face à attitude souvent désinvolte de son adolescent. Mais pour l’enfant, c’est normal. Au final, il n’a rien demandé après tout. Si son géniteur a voulu sacrifier sa vie pour lui, ce n’est pas son problème. On retrouve ce phénomène en amour ou en amitié. Comme j’aime à le redire, on ne choisit pas qui on aime ni ses affinités, et la personne aimée peut ne pas voir, comprendre, partager ces sentiments. L’autre blessé va alors ressentir une trahison. De là va naître l’ingratitude. Celui qui aime ne va pas comprendre. Il fait tout pour que l’autre partage son amour, il se dévoile, prend des risques, et rien, en face ce ne sera que le blanc de l’indifférence. Certains iront même jusqu’à profiter sans remords de cette situation, abusant financièrement de la crédibilité, enfants, famille, amoureux.
Alors oui, les enfants sont ingrats, de plus en plus car ils vivent dans un monde égoïste. Les gens prennent, mais ne donnent pas en retour. Ils vous phagocytent sans une once d’humanité, et quand vous ne servez plus leurs fantasmes ou leurs intérêts vous jettent comme une vieille chaussette.
Bien sûr, il est évident qu’il faudrait que cela change, car notre société, une fois encore, fonce droit dans un mur. Il faudrait déjà que chaque personne se remette en question ( je sais, c’est complètement idéaliste !) prendre conscience que l’ingratitude ou le silence blesse, et que faire du mal aux autres ne fait pas du bien à notre société.
Il faut surtout apprendre à accepter que certaines personnes ne changeront jamais, que nous ne faisons pas les choses pour les autres au final, mais pour nous.
Posons-nous les vraies questions. Avons-nous besoin vraiment de cette reconnaissance ou savons-nous ce que nous valons ? N’est-ce pas le plus important ? Soyons attentifs aux autres, là, me semble un bon début. Il n’y aura pas de frustration si nous n’attendons rien, si nous nous contentons juste d’être.
Laissons surtout le temps aux autres du recul. Un enfant s’apercevra un jour de ce que ses parents ont fait pour lui, un ami prendra conscience qu’il aura mal agi, un amoureux s’interrogera. Nous ne le saurons pas toujours, mais peu importe. Se dire que cette indifférence n’est au final qu’une fausse indifférence s’avérera peut-être un soulagement qui évitera à ce sentiment d’ingratitude que certains ressentent trop longtemps de peser trop lourd éternellement.
il me semble que c’est aussi une partie de notre construction
Dernière publication sur Les mots d'Ysabelle : Transparence...