( 24 août, 2017 )

Écrire le mot fin

Quand on termine un manuscrit, on met implicitement le mot fin, et pourtant, j’ai tendance à penser que ce mot ne s’écrit pas, ne se dit pas, simplement parce que la seule véritable fin est celle d’une vie, de notre vie, le jour où nous ne pourrons plus écrire, le jour où plus rien ne pourra changer ce dernier chapitre. Il sera bel et bien fini.

Est-ce pour cette raison qu’inconsciemment tant de personnes n’arrivent pas à mettre un terme à une relation ? S’enlisant dans des silences ponctués parfois de petites amorces incertaines. Mettre le mot fin à une relation de travail, à une relation amicale ou amoureuse, revient à placer l’autre, celui qui lui n’a pas choisi ce mot fin, dans une situation d’échec. Je pense à ces couples usés qui refusent de lâcher-prise par commodités, par peur, par orgueil, ces personnes qui s’enlisent dans une relation fichue d’avance où l’autre n’est plus celle avec qui le rêve est permis. Je vais peut-être être dure, mais lorsque dans un couple, un seul des deux partenaires fait un effort, tente de s’impliquer, c’est que la fin est déjà écrite, à l’encre invisible, mais elle est bien là.

On n’aime pas une personne en un jour, et on ne peut donc pas l’oublier en deux. Il faudra du temps, mais sans s’autoriser à mettre ce mot fin, on ferme la porte à la vie qui se trouve derrière la porte.

Le ressenti est identique dans une relation amicale. Elle est l’Amie, notre soeur, notre double, et sans un mot, elle disparaît à jamais. Comment ne pas se sentir trahie, abandonnée ? En mettant le mot fin allez-vous suggérer ? Ah si c’était si facile. Lorsque l’autre est une personne avec qui on a partagé des secrets les plus intimes, ou des silences qui disaient tout. C’est bien pour cette raison qu’en dehors du caractère sexuel, il n’y a aucune différence entre une trahison amoureuse ou amicale. C’est un acte qui place l’autre en position de souffrance et d’incompréhension.

Pourquoi cette cassure ? Je pense qu’à un moment un des deux n’a plus été en phase, n’arrivait plus à suivre, avait peur de la place que prenait la relation. Je pense que lors du rejet, on ne peut échapper à la souffrance surtout si la rupture fut violente et sans explication. Parfois nous percevons inconsciemment que cette relation idyllique est toxique, et nous allons nous éloigner pour notre bien.

Il me semble primordial de tout faire pour écrire à deux le mot fin. Il ne peut s’écrire unilatéralement. Ensuite, laisser toujours une petite ouverture. Autant une séparation réfléchie, consentie des deux cotés après communication ne laissera pas de séquelles, autant une rupture violente laissera un vide et un manque pouvant perdurer par vagues des années, certains vous diront même jusqu’à la mort.

Les gens changent, peut-être peut-on espérer un jour que les non-sens trouveront une explication afin qu’une fin douce puisse s’écrire. Ou pas, comme me disait dernièrement une amie. Certaines personnes sont bien difficiles à oublier, et malgré tout le mal qu’elles ont fait, si elles revenaient, et bien notre coeur bondirait de joie.

Pas de commentaires à “ Écrire le mot fin ” »

Fil RSS des commentaires de cet article.

Laisser un commentaire

|