Ces lettres que l’on écrit
Il y a les lettres que l’on écrit, et celles que l’on voudrait écrire. Ces mots que l’on ose dire, et ceux que l’on cache. Je fais partie de cette génération où la lettre était le plus beau cadeau que l’on pouvait faire à une personne. Bien naïvement, il m’est arrivé, il n’y a pas une décennie encore de penser que c’est le cas, le résultat reste souvent décevant. Le mail a remplacé le papier parfumé, le pouvoir de cet envoi s’avère amoindri. On assiste à la fin de ces enveloppes que l’on déposait le coeur battant dans la boite aux lettres jaune, priant pour que le facteur ne la perde pas, anticipant les gestes à la réception, le bruit de l’enveloppe qui s’ouvre, celui du papier qui se froisse, jusqu’au battement sourd du coeur.
Aujourd’hui, la lettre ne sera plus qu’un mail reçu parmi des dizaines, anodin, sans saveur, que l’on lira en diagonale, par habitude, sans une once d’émotion. On ne prendra même pas le temps de chausser ses lunettes, non, il ne restera pas assez
sur le serveur puis disparaîtra d’un clic. Qu’il est loin le temps de ces enveloppes que l’on pouvait conserver dans son sac tel un trésor, dont le contenu respirait l’amour, le désir, un parfum d’avenir. Ah ces lettres ! Nous avons tous rêvé de leurs contenus, imaginant des mots tendres, des mots fous, des mots de tous les jours, des mots qui n’en sont pas, des mots qui disent un peu n’importe quoi, des mots rien que pour toi. Simplement peut-être des lettres faites de tout, de rien, finissant juste par une petite phrase, innocente, importante. « Ah, au fait, je voulais juste vous dire, je crois bien que je vous aime. »
Et puis, il y a la lettre, celle que l’on a au bout de la plume, cette lettre où tout est dit, où on s’excuse à l’amour de ne pas l’avoir reconnu. Cette lettre où on finit par lui écrire entre les lignes .
« Ne t’inquiète pas, les mots sont là, au bout de la plume. Ne te contente pas de simplement les lire, prends ton stylo, et ne t’en fais pas, même si tu ne reviens pas, je me dirais juste que tu as du retard, encore une fois … »
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