( 16 octobre, 2017 )

Ces médecins pas ordinaires

Les critiques virulentes envers le milieu médical inondent les réseaux sociaux. Trop de médecins ne respectent pas vraiment leur serment d’Hippocrate, allant parfois jusqu’au mépris envers le malade. Les différentes crises sanitaires n’ont rien arrangé, laissant planer le doute face à l’humilité de ces professionnels de santé.

Et pourtant, tous ne sont pas à mettre dans le même panier. Je voudrais rendre hommage aujourd’hui à un médecin hors norme. J’ai découvert très récemment qu’il avait quitté cette terre, il y a pourtant des années. Ce fut pour moi un choc. Le professeur Hartmann était cancérologue à l’hôpital Gustave Roussy de Villejuif. Il dirigeait le service des enfants qui se trouvait au neuvième étage. Qu’elle semblait longue cette montée en ascenseur, pourtant l’immersion dans ce service n’était pas si violent, car tout y respirait la paix, et la mort aussi.

Olivier Hartmann dirigeait, à l’époque où j’ai croisé sa route, le service des unités stériles nommé « la mer ». J’ai toujours trouvé étrange de donner un tel nom à des chambres où rien ne filtrait. Mon fils de presque trois ans fut hospitalisé durant huit semaines dans ce service de la dernière chance, des semaines enfermé dans une unité sans microbe, des jours d’enfer à souffrir le martyr, à saigner par le nez, les oreilles, des semaines à vivre au son de la télévision, seule réalité dans cet univers qui n’en avait plus.

Parmi cette vision d’horreur, un homme, cet homme, avec de superbes yeux bleus, la quarantaine à l’époque, un homme d’une gentillesse, d’une écoute, un médecin comme on aimerait tous en avoir. Je me souviens encore, trente ans après, de ces rendez-vous où il expliquait l’inévitable avec douceur, pour ensuite aborder des passions que nous avions en commun telle la lecture. Dans l’antichambre de la mort, ce médecin était un vrai Dieu qui colorait en couleur mes heures sombres de maman.

Il restera dans ma mémoire bien plus qu’un simple toubib, une vraie main qui m’a aidée à ne pas sombrer durant toute cette tragique année. Ingratitude humaine, je lui en ai voulu le jour où mon fils s’est définitivement endormi, comme s’il avait failli alors qu’il n’était juste qu’un simple humain.

De nos jours, la pénurie de professionnels de santé, le besoin de rentabilité, cette humanité disparaît peu à peu.

Et pourtant, le plus grand médicament ne serait-il pas cette main que certains médecins tendent dans l’ombre, ce sourire qu’ils prennent la peine d’offrir, ce temps parfois juste quelques minutes de plus mais qui font dire au malade «  enfin ! On m’a écouté ! »

1 Commentaire à “ Ces médecins pas ordinaires ” »

  1. Catherine dit :

    C’est bien ce que vous faites avec ce positivisme qui vous caractérise
    Bravo

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