( 31 octobre, 2017 )

la dernière lettre

Inspiration

Ah cette dernière lettre, celle qui fut écrite avec le sang de mon coeur, celle qui chantait tout l’amour que je voulais t’offrir, celle qui disait tout sans rien écrire. Je m’en souviens encore. Hier. Je l’avais écrite à la main, ayant choisi un stylo de qualité, j’avais fait un brouillon, que dis-je, des dizaines de brouillon. J’avais rempli des pages et des pages pour tout te dire, pour tout t’expliquer, pour que tu saches, pour que tu comprennes, pour que tu ne t’éloignes pas définitivement. Au final, ma missive ne fut pas très longue. Trop de mots qui ne parlent pas. Tout était entre ces lignes, ces pleins et ces déliés. J’étais l’écriture, capricieuse, sautillante, incertaine, sauvage. Je m’auréolais par moment de superbes majuscules, pour montrer ma beauté, mon insistance. J’évitais les mots doux pour ne pas te brusquer, les mots tendres pour ne pas te faire pleurer, les mots crus pour ne pas te choquer. J’essayais juste de me calquer sur ce que tu aurais voulu lire, sans bien savoir au fond, la plume tremblante de m’être peut-être trompée. J’ai choisi ensuite la plus jolie enveloppe, celle qui était de la couleur de mon âme. J’ai écrit ton adresse, collé un joli timbre, pas Marianne, c’était trop ordinaire pour quelqu’un comme toi, un timbre qui était toi. Je n’ai pu résister à l’envie de déposer quelques gouttes de parfum, juste pour le plaisir d’embaumer mes rêves. La lettre terminée, j’ai hésité, je me suis préparée pour la poster, et puis non, j’ai renoncé. Mes mots n’appartiennent qu’à moi. Tu ne pourrais pas comprendre. Tu ne m’as jamais comprise. Tu ne l’aurais certainement pas lue. Alors, j’ai rangé cette dernière lettre dans une boîte qui en contenait déjà des dizaines. Elle a rejoint ses camarades de solitude, toutes ces phrases que je t’avais écrites, toute cette vérité que je voulais te dire, toute ma vie en lambeau, toutes ces miettes que tu m’as juste laissées. J’ai refermé la boîte sans pleurer cette fois. Il est un temps où il faut simplement mettre un point finale à une histoire et cesser les virgules. Toi, tu l’as mis depuis longtemps, sinon tu aurais répondu. Je viens de le faire. C’était ma dernière lettre.

 

Texte manuscrit en cours  @

 

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