Le grand pardon
On a parlé ces jours-ci de Kippour, le jour du grand pardon. Je ne suis pas juive, pourtant curieuse de nature, je me suis intéressée à cette fête, à son symbolisme, à cette journée unique pour tous les juifs du monde, celle d’expier leurs fautes.
Je trouve cela très beau, si seulement ces repentirs étaient durables, malheureusement, pour côtoyer des amis juifs, le pardon ne dure qu’un temps très court. Je suis pourtant convaincue, encore mon idéalisme, qu’il faut savoir pardonner durablement.
Parlons de l’année qui s’est écoulée, j’ai vécu des moments bien difficiles côté éditorial, avec des réactions parfois dépassant l’entendement de certains. La douleur peut pousser à dire des mots forts, tranchants, détruisant une harmonie. Certaines personnes en souffrance ne supportent ni la réussite des autres ni leur équilibre retrouvé, et frappent juste pour se donner l’illusion d’exister. J’ai tout vu, tout entendu, je n’ai pas réagi (applaudissez car j’ai sacrément grandi !). Certains de mes livres furent bloqués, d’autres boycottés, et pourtant ma renommée n’a pas flanché, et moi non plus ! Je ne leur en veux pas. C’est dur de ne pas être reconnu, de ne pas sortir de l’ombre. moi, j’aime l’ombre. J’y suis bien. Les attaques ne me touchent plus. J’ai appris la douceur du pardon. Il ne faut pas croire que c’est facile de pardonner, car il faut d’abord accepter de faire sa propre introspection, ce qui est bien difficile, donc de SE pardonner, le plus dur, car c’est accepter d’avoir des failles, des limites, d’être parfois très con. J’ai accepté cette évidence, je ne suis que moi.
Ensuite il faut se forcer à oublier au sens pur du terme, oublier comme si on n’avait jamais cessé de croire ou d’aimer, oublier surtout comme si on n’avait jamais été blessée.
Le pardon est pour moi une des choses les plus dures à faire mais aussi la plus libératrice, offrant autant à celui qui le reçoit qu’à celui qui le donne un sentiment de légèreté comme si on gommait d’un coup un poids.
Pardonner, c’est s’autoriser à vivre de nouveau, c’est autorisé l’autre à vivre aussi, c’est se laisser une nouvelle chance. Laquelle ? Ça seul l’avenir le dira …