( 21 novembre, 2017 )

La souffrance peut-elle amener à la folie ?

 

Je me pose souvent la question lorsque je vois le nombre de personnes qui débloquent régulièrement dans notre société. Des individus ordinaires, des gens « biens » dont nous découvrons soudainement que ce sont des pédophiles, des violeurs, des personnes violentes. Le monde alors s’écroule. Cette terrible image obscurcit notre réalité. Ce voisin que nous pensions si gentil, ce jeune en qui nous avions confiance, la folie les a happés sans rien dire, sans signe annonciateur. Je ne suis pas psychiatre, mais j’ai l’impression que nous sommes tous fous. Dernièrement un éminent médecin expliquait que longtemps une personne dépressive avait été considérée comme folle et directement internée .

La frontière entre folie et maladie est donc très fine, et hormis la vraie folie pouvant occasionnée des actes de violence, de nombreux « malades » se retrouvent surtout en danger pour eux-mêmes. Nous vivons un siècle où le burn out n’est pas qu’un euphémisme. Tension, douleurs dorsales, crises de larmes, décourageant, quelle profession n’a été pas touchée au moins un jour par an ?

Ce sentiment d’être arrivé au bout de la course, d’avoir tout donné, trop donné, pour rien au final. On ne cesse de parler de faits divers dans les médias,  cet homme pris d’un coup de folie qui aurait disséminé sa famille. Je n’en suis pas plus surprise que ça. Des personnes adorables se changent parfois en monstres d’un claquement de doigts, et les raisons en sont diverses, la fatigue, le manque d’argent, les frustrations que les hommes d’aujourd’hui doivent gérer, souvent seuls. Coupables ? La société est vraiment coupable, les médecins qui n’aident pas assez ces personnes.

Dépression, psychose, mal-être, le jugement tombe tel un couperet, le regard des autres fait mal, l’incertitude, la chute avec cette sensation de ne pas pouvoir s’accrocher à une raison suffisante pour survivre. J’ai rencontré ces dernières années beaucoup de personnes dépressives, et je compatis à leur douleur, même si parfois pour certains cela pourrait effectivement s’apparenter un simulacre inconscient de folie, un besoin de reconnaissance, un narcissisme avancé qui cherche à entraîner les autres avec eux afin de ne pas être seuls.

Je pense effectivement que la souffrance peut plonger une personne même la plus stable dans la folie. Est-elle excusable pour autant ? Devons-nous cautionner ses dérives ? Ses manipulations ? Ses mensonges ?

En vieillissant, je suis beaucoup plus tolérante qu’avant, et j’ai tendance à me dire que nous sommes tous fous, selon nos propres critères, selon notre propre civilisation, selon notre idéologie. Et nous, les écrivains, je crois que nous avons cette petite folie qui nous est bien propre, pas bien méchante, juste trop proche du rêve, qui nous fait peindre des nuages en couleurs. Et ce petit grain de folie, franchement, pour rien au monde je n’y renoncerai, car il ne fait du mal à personne, juste à moi qui continue de danser à mon âge sur mes mots.

 

F36F75B3-4C86-4803-8D86-CBD0BA29A920

2 Commentaires à “ La souffrance peut-elle amener à la folie ? ” »

  1. Jenny dit :

    Oh j’adore cet article ! Avant même de le lire j’ai pensé « la société y est pour beaucoup ». Je pense qu’il y a bien plus de pétages de plombs qu’avant parce que la société fait que tout DOIT être comme ceci ou comme cela et que tout va vite, tout est stressant et épuisant… Pis l’être humain qui passe sa journée seul n’e se sent pas valoriser et l’autre être humain qui va au taf a faire souvent un travail qu’il n’aime pas parce qu’il FAUT payer des factures, bah il a quoi comme simples remerciements ? Que dalle, on se DOIT de bosser pour payer les factures, les impôts, vivre, manger. La société valorise l’argent et le pouvoir mais pas l’humain, et ça n’aide pas. Enfin bref, j’pense qu’on est tous un peu fou aussi et qu’au final n’importe qui peut être amené à un faire n’importe quoi un jour, par folie ! M’enfin, moi, je garde ma folie d’écrivain, plus douce et plus bénéfique. ;)

Fil RSS des commentaires de cet article.

Répondre à rougepolar Annuler la réponse.

|