( 25 novembre, 2017 )

Lorsque nous croisons le regard de la faucheuse.

 

Ma philosophie de vie m’a toujours fait considérer la mort comme un passage auquel on ne peut échapper. Je ne crois ni au paradis ni à l’enfer, juste à la survie des énergies. Après reviennent-elles ou fusionnent-elles, c’est un autre débat. Une chose est sûre, la mort ne m’a jamais fait  peur, mal oui lorsque j’ai perdu ceux que j’aimais, mais peur, non. Jusqu’à il y a quelques jours où sa caresse fut si proche, sous la forme d’un souci cardiaque, que j’ai réalisé que je pouvais mourir, là, tout de suite. Je me suis sentie partir, j’ai eu très peur. Cela m’a fait m’interroger. Pourquoi cette peur de la mort que j’étais convaincue de ne pas avoir ? Est-ce parce ce que cette fin n’est pas contrôlable? Qu’elle défie la raison ? À bien y réfléchir, je me dis que ce n’est peut-être pas la mort, mais mourir.

Mourir, c’est mettre définitivement un mot fin sur ce que nous sommes, c’est partir sans laisser d’adresses où nous joindre, c’est briser des coeurs en disparaissant si vite. Mon père est décédé il y a plus de vingt ans en cinq jours sans signe précurseur, et il a laissé des traces douloureuses à de nombreuses personnes de son entourage, car nous n’étions pas préparés, il était encore jeune, il avait mon âge. Cette réalité m’a frappée de plein fouet lorsque j’ai senti les mains de la faucheuse s’avancer. Pas encore, ai-je, durant ces minuscules secondes, eu envie de crier, je veux encore du temps. Je veux vivre encore !

Peut-être au final, cette peur de mourir que je découvre seulement à mon âge, n’est qu’une peur de ne pas avoir terminé tout ce que j’avais à faire. J’ai tant de mots encore à poser sur le papier, j’ai tant d’endroits à découvrir, tant de personnes encore à rencontrer. Juste une prise de conscience, je pensais que cette peur, je ne l’aurais jamais, j’ai fait une erreur. C’est bien de faire des erreurs. Cela remet les choses à leur place.

Peu importe au final nos croyances, nos raisons de vivre ou de mourir, au moment où le grand saut est possible, le peur l’est aussi. Soyons heureux d’être en vie, n’y pensons surtout pas, et fêtons chaque minute que nous vivons. Puisque la faucheuse sera un jour notre dernière amie, donnons lui rendez-vous dans vingt ans, mais pas maintenant.

 

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