Bonjour Sylvie, merci pour votre disponibilité, vous commencez à être un écrivain ( je n’aime pas écrivaine) avec de nombreux lecteurs. Quel effet cela vous fait ?
Plaisir, bien sûr, être lue pour un auteur est la meilleure chose qui soit. Peur aussi, de décevoir. Quand on publie un premier roman, on n’a rien à perdre, ce qui n’est pas le cas lorsque l’on en a publié plusieurs.
Justement, vous en êtes à combien ?
Oh la la, il faudrait que je compte, on va dire plus d’une dizaine en quelques années. Je crois que fin 2017, ce sera treize.
Question banale, votre livre préféré ?
Aucun, j’aime trop lire pour avoir un seul choix. Mon genre préféré reste les polars et les thrillers depuis toujours. J’ai commencé petite avec les Alices et le club des cinq, et je continue aujourd’hui avec Sir Cédric etc .
Quatre ans depuis la parution de votre premier roman en décembre2013. C’est cela ?
Effectivement Rouge est sorti pour Noël, un merveilleux cadeau cette année-là. Tenir son premier livre papier est comme tenir son premier enfant, magique.
J’ai vu une jolie publicité sur Rouge justement, une réédition. Angoissée ?
Je suis ravie d’avoir signé avec la collection Clair-Obscur d’Évidence éditions pour la réécriture de ce polar. Il s’est bien vendu durant deux ans, mais il était mal écrit. Je n’avais pas compris à l’époque la différence entre une édition classique et Edilivre, une édition alternative, en clair, Rouge fut un brouillon. Après avoir travaillé avec la directrice de collection Jennifer, je ne peux que voir la différence. Ce fut un boulot de Titan cette réécriture, et j’espère que cette nouvelle version, dont le thème n’a pas changé, sera appréciée. Mais j’avoue que j’attends surtout la sortie de POURPRE, mon prochain polar, toujours chez EE, en Décembre. Un excellent travail fut fait avec cette édition. C’est très dur de faire du nouveau après 5 polars, donc oui, j’ai une petite anxiété pour celui-là.
Vous êtes multi genres, comment faites-vous ?
Je laisse juste ma plume glisser, simplement. Je ne cherche pas à écrire à tout prix. Je laisse venir mes mots. J’écris effectivement autant de romans que de polars, et genre jeunesse depuis peu , mais certains genres ne m’attirent pas du tout comme la SSF, les livres politiques ou l’érotisme.
Vous êtes très connue sur les réseaux sociaux pour votre combat pour la reconnaissance des maladies auto-immunes, un impact littéraire ?
C’est un combat qui me tient à coeur, car il aide. Mon essai « Hashimoto, mon amour » a permis à des malades de vivre mieux, et indirectement m’a permis à moi, d’accepter un peu mieux cette maladie, par contre aucun lien avec les autres romans. Ces mondes sont cloisonnés. J’ai la chance d’avoir une plume facile à lire d’après mes lecteurs, et j’ai choisi de l’utiliser pour aider les autres.
Votre maladie et votre premier livre sont-ils nés ensemble ?
Non, pas exactement. J’avais déjà une idée de roman en 2010, même avant, après avoir eu dans ma classe la visite d’un écrivain, une personne extraordinaire, Odile Weulesse, auteure jeunesse. Cette personne m’avait dit que j’avais « l’aura d’un écrivain ». Les mots positifs restent en tête, et j’ai longtemps gardé ce désir d’écrire un livre en entier. J’écrivais des traces sur des cahiers (comme je le fais aujourd’hui sur mon blog), et j’ai débuté un roman que j’ai perdu suite à un acte de malveillance. Je n’ai repris la plume que deux ans plus tard pour écrire Rouge poussée par un collègue.
Justement Rouge est surtout une belle histoire d’amour sur fond de polar. Qu’en dites-vous ? Non, je dirais un polar avec des histoires d’amour, mais surtout des vies qui se croisent.
Vous avez toujours dit avoir un faible pour l’inspecteur Antoine Bourgnon. Vrai ou faux ? Effectivement, j’adore mon inspecteur, car il est droit, humain, et puis il aime Adelyse ! Et j’adore ce personnage. J’attends la parution de Pourpre pour savoir si je continue cette série ou non, savoir si je dois changer de style de polar.
Ah, Adelyse ! Et vous quelle est votre plus belle histoire d’amour ? Les lecteurs ! Rien n’est plus vrai que ce lien durable avec un lectorat. Comme disait Barbara « ma plus belle histoire d’amour , c’est vous… »
Et les autres auteurs ? Des détracteurs ? Je dirais qu’avec les auteurs d’Edilivre ceux des premiers jours, Nunzia, Jenny, Fleur, Odile, Lorenzo, Régis, Étienne, Claude (et la liste est longue) , nous sommes « une famille ». J’ai rencontré comme nombreux d’entre nous, plus de jalousie pour mes publications chez d’autres éditeurs. C’est décevant, car casser un livre, mettre dans la marmite la méchanceté humaine n’apporte pas plus de ventes.
Vous êtes un auteur qui peut écrire différents genres littéraires, quel est votre secret ?
Je n’en ai pas. Je crois beaucoup aux énergies, aux choses qui n’arrivent pas par hasard. L’inspiration en est une. Parfois, je me réveille avec une idée en tête, que ce soient romans, polars, jeunesse. J’ai la trame complète. Ce n’est pas pour cela que j’écris le livre, ça c’est une autre étape. Je pense même que je serai morte avant d’avoir tout écrit.
Vous avez peur de la mort ?
Non, c’est une fin inévitable. J’appréhende bien plus les dommages que font la maladie. Ma mère est atteinte d’une maladie de la mémoire, et je ne veux pas finir ainsi, c’est bien trop triste.
Hormis le drame Hashimoto, vous avez aussi perdu un enfant ? Jocker, c’est ma vie privée. Il reste celui qui est, qui fut, qui sera à jamais.
Vous parlez « jeunesse », bientôt la sortie de « H et la plume de l’espoir », pourquoi ce livre ?
C’est un petit livre jeunesse minuscule, écrit à la demande d’une maman dont l’enfant fut victime d’harcèlement car « trop gros », « trop paresseux » alors qu’il avait simplement une maladie pas encore diagnostiquée. J’ai pensé ( l’avenir seul dira si j’ai eu raison), que parfois les enfants à qui on explique correctement, comprennent mieux que les adultes.
C’est un coup d’essai. Je crois dans ce livre, et je remercie encore Marie pour les illustrations.
Justement, comment avez-vous choisi cette illustratrice ?
Les routes ne se croisent pas par hasard. Marie Texier était illustratrice dans ma seconde maison d’édition « les ateliers de grandhoux ».
Alors et ce roman « Juste une seconde » ? On en parle ?
C’est une réécriture d’un roman publié au début de l’année et qui pour des raisons de santé de l’éditrice n’a pu ensuite être en vente. J’ai donc repris mes droits, refait le livre, la quatrième, et la couverture. C’est un tout petit roman, par choix. Je voulais que l’impact de la philosophie prime sur l’histoire, « cette seconde » qui peut tout changer, cette seconde que l’on va saluer à vie ou maudire.
Déjà de très bons retours, heureuse d’avoir choisi ce mode de publication, l’auto édition ?
Bien sûr ! Je reste surprise des ventes en une semaine, vu qu’il s’était déjà bien vendu au salon de Paris en papier. Je ne voulais pas le mettre chez un nouvel éditeur, malgré plusieurs contrats possibles, par respect pour l’édition avec laquelle j’avais travaillé, mais je ne voulais pas non plus qu’il meure. Je découvre surtout que beaucoup de personnes l’ont pris en prêt bibliothèque Kindle, et c’est intéressant ce procédé. Après malheureusement trop de personnes dénigrent l’auto édition, et c’est dommage, car on y trouve des perles.
J’ai l’impression que vous êtes au four et au moulin, avez-vous le temps de vivre ? D’écrire ?
Publier un livre demande beaucoup de temps, d’être sur les réseaux sociaux, et même si j’ai la chance d’avoir de l’aide pour ma publicité, je manque cruellement de temps. Je suis enseignante avant tout, donc mes journées sont déjà très remplies. Ensuite je suis maman, grand-mère de plusieurs petits-enfants, je m’occupe de ma maman qui est en maison médicalisée, je m’occupe aussi activement d’aider une association pour la reconnaissance des maladies auto-immunes « l’envol du papillon », je suis également chroniqueuse, donc oui, au four et au moulin.
La maladie d’Hashimoto m’a forcée à changer mon mode de vie, ce qui m’a ou ert un autre univers. Fini les sorties au cinéma tous les dimanches, les grandes fêtes, les heures à piétiner dans les magasins. Je fatigue trop vite, une maladie auto-immune entraînant une autre, mon corps m’impose des limites. Je lis beaucoup aussi, je profite de chaque instant, et comme je l’ai déjà dit, j’écris partout sur des papiers, des carnets, sur mon ipad, sur mon blog, avant de tout remettre sur un ordinateur. Ensuite lorsque les vacances arrivent, je débute en général un nouveau manuscrit à partir de toutes ces données.
Vous restez très secrète sur votre vie, évitant de mettre votre photo par exemple sur les réseaux sociaux . Pourquoi ?
Simplement parce que je suis quelqu’un de très discret, je n’aime pas « la lumière ». Ma vie n’intéresse personne, tout du moins je ne veux pas que ce soit le cas. Je veux que mes mots touchent, fassent pleurer, emportent, et non ce que je suis.
Vous séparez donc votre vie privée à votre métier d’écrivain ?
D’abord, ce n’est pas un métier, mais une passion, et effectivement, je cloisonne. Rares sont les personnes, dans ma « vraie » profession qui me connaissent sous mon nom d’auteur.
Le mot de la fin ?
Un livre, c’est comme la vie. Il faut savoir passer au chapitre suivant sans s’attarder trop dessus. J’ai terminé un manuscrit, je suis déjà dans le suivant. Ensuite c’est un milieu où il faut sortir une armure, se blinder. Les critiques injustifiées, il ne faut pas en tenir compte, juste avancer le plus positivement possible, en sachant que l’on peut se tromper, qu’un livre peut ne pas plaire, mais que l’important reste le plaisir que l’on a eu à l’écrire. J’espère ne jamais perdre cette passion.
Depuis quatre ans, écrire m’a aidée à mieux accepter ma maladie, à donner un sens à « l’absurde » à vivre sereinement, à rester en paix avec moi-même, et avec les autres.
Je finirai juste par dire, il ne faut écrire que si on en ressent le besoin et surtout le faire avant tout pour soi, avec ses tripes, alors le lecteur s’en apercevra inéluctablement, et le roman marchera.
Que vivent les rêves à jamais …
Merci Sylvie, et pour rappel, « juste une seconde » est en vente sur Kindle, et tous les autres livres sur le site Fnac.
Sortie de Rouge fin Novembre et Pourpre en décembre.
Linda F chroniqueuse