Sait-on toujours que l’on est amoureux ?
J’adore lorsque mon fils de quinze ans me pose cette question piège. Un silence suivit. Que répondre ?
Certains vous diront que l’amour se reconnaît au premier regard. C’est souvent le cas lorsque l’on est jeune, amoureux de l’amour, mais avec l’âge, l’attirance sexuelle va s’installer en premier ou la connivence intellectuelle. On ne se trouve pas toujours face à cette certitude, « c’est l’homme de notre vie ! ». Je serais même encore plus perfide, l’amour qui s’impose comme une évidence est celui qui va souvent avoir les pires obstacles. Et puis, il y aura ceux qui peuvent ne plus se désirer, et continuer à s’aimer, tout comme le contraire, ceux qui continuent à s’attirer sexuellement sans éprouver un véritable amour. Alors quelle réponse donner ? Est-ce parce que l’on reste avec quelqu’un que c’est de l’amour ou bien est-ce simplement parce que l’on est bien ?
L’amour, pour moi, est tout sauf la sécurité. Ce n’est ni routinier ni facile. L’amour, le vrai, celui dont on rêve tous, se reconnaît à ses obstacles, à ses blessures, à ses alternances de pure passion et de douleur. C’est ce coeur qui va battre plus vite, cette attente de l’autre, ce désir qui se conjugue avec l’attenTe.
Alors j’ai envie de répondre à mon loulou, et bien non, on ne sait pas toujours si on est amoureux, on le sent, mais on ne le sait pas, simplement parce que l’amour ne s’explique pas, parce que parfois on n’a pas envie de déséquilibrer une vie « pépère » pour ce coup de folie, alors on préfère fermer les yeux, refuser d’écouter notre coeur qui tape, se dire que c’est juste superficiel. Souvent, l’avenir montre que l’on a raison, les sentiments s’effacent pour faire place à d’autres, et à d’autres moments, la réalité se dessine. Cet autre que nous ne voulons pas, qui au fond ne nous aime certainement pas, nous n’arrivons pas à l’effacer. Son image nous hante. Nous n’attendons rien, nous ne voulons rien, cet amour à lui seul nous rend heureux. Nous aimons l’autre pour ce qu’il est vraiment, profondément, avec ses failles, ses erreurs. Nous savons au fond que nous sommes amoureux, car nous avons peur de perdre cet amour, peur d’être vide sans l’autre. Je ne crois pas à l’amour platon, donc l’amour est un tout, sauf à quinze ans.
Nous savons que nous avons vraiment été amoureux « pour de vrai » comme disent les enfants, le jour où après avoir traversé les tempêtes, le regard des autres, les critiques, nous constatons que ce sentiment n’est pas complètement détruit, et que sa petite flamme continue à vivre. Alors, seulement à ce moment-là, nous pouvons dire « Un jour, j’ai vraiment aimé ».
Laisser un commentaire
Vous devez être connecté pour rédiger un commentaire.