Lettre à mon père
Il y a des mots que l’on a envie d’écrire, d’autres que l’on garde pour soi, tout comme la douleur. Aujourd’hui, j’ai envie de t’écrire. Cela fait bien longtemps que tu es parti, plus de vingt ans, et je déteste toujours autant ces quatorze décembre, comme si une simple date efface d’un coup tout le présent. Tu es parti en un claquement de doigts à quelques jours de tes cinquante-huit ans, trop jeune, trop vite. Je t’en ai voulu, tu sais. Tu étais bien plus que mon père, tu étais mon mentor, mon pilier, mon exemple, celui qui me donnait son énergie pour m’aider à tenir debout.
Après ta mort, je n’ai plus écrit durant des mois, je ne crayonnais plus, je refusais même de regarder tes magnifiques tableaux. Je souffrais en dedans, en silence. Et puis j’ai rencontré un thérapeute, un masseur à l’époque qui m’a réconfortée, soutenue un temps, d’autres ensuite qui m’ont poussée à grandir, à devenir plus forte, à reprendre la plume. Juste « des âmes« là pour m’aider. Je sais bien qu’inconsciemment, je t’ai recherché dans tout homme plus âgé et plus sage que moi. Un père, cela manque que l’on ait dix ans, quarante ou cinquante ans. Certains ont rejoint aujourd’hui les étoiles, Jean-Claude et Alain qui m’ont tant soutenue lorsque j’écrivais mes premiers romans policiers. J’espère que vous avez tous une pensée pour moi là-haut.
Et puis depuis, il y a eu les amis, ces amis auteurs qui m’apportent régulièrement leurs mots et qui sans le savoir me guident, Régis, Claude, et Tienou (dont les mots furent salvateurs cet automne), merci à vous tous. Vous êtes ma bougie dans l’ombre.
Tu sais papa, si je n’étais pas passée par tout ça, par cette souffrance, par ce que j’ai appris, par ces échecs, je n’aurais pas rencontré certaines personnes fabuleuses qui ont marqué ma vie, je ne serai pas ce que je suis.
Alors, non, aujourd’hui je ne pleurerais pas, simplement parce que tu m’as offert en partant cette boule d’espoir qui ne me quitte jamais.Tu étais quelqu’un d’exceptionnel, et tu as mis la barre très haute, moi qui suis si imparfaite. Je ne sais pas si j’arriverais un jour à ta hauteur. Peu importe, j’essaie d’être chaque jour meilleure.
Et ce matin, je me contenterai juste de te dire, ce que je n’ai pas eu le temps de te souffler à l’oreille avant que tu ne rendes ton dernier souffle, « Papa, je t’aime et tu me manques. »
^_^
C’est une lettre très touchante… je te le dis avec la larme à l’oeil.