La jalousie
La jalousie est un vilain défaut, et pourtant bien rares sont ceux qu’elle n’a pas piqués, parfois de manière insidieuse, perverse, mettant à jour des sensations cachées, inconnues voire oubliées. Vous savez, ce pincement qui nous serre sans crier garde lorsque nous découvrons que cet autre batifole avec une plus jeune, moins intelligente mais avec un popotin à faire bander un moine ou ce mec « aux biscottos » de dingue. Soudain, on comprend, on peut perdre l’autre, ce qui est surprenant car avant, on n’avait parfois même pas conscience de cette réalité, on en est follement amoureux.
Pas besoin d’être psy pour faire un rapprochement avec notre enfance et ses multiples frustrations, cette époque où nous aurions voulu être le centre de l’univers, où l’arrivée d’un frère ou une soeur a tout changé. Cette femme ou cet homme, que l’on ne connaît pas, qui n’existe peut-être même pas, devient notre rivale, détruisant d’un claquement de doigts notre sécurité. Nous nous retrouvons face à cette peur d’être abandonnés.
Sentiment destructeur ? Certainement. Contrôlable ? Pas toujours sur le coup, mais avec le recul et le temps, cette douleur, car les personnes jalouses souffrent, va s’atténuer. La jalousie reste un sentiment naturel, car comme je l’ai dit, sauf exception, tout le monde l’a vécue, tout le monde est tombé dans ses griffes.
Autant la jalousie amoureuse, je trouve que c’est une belle émotion, même si elle doit s’arrêter avant de tout détruire, autant la jalousie avec un grand J, celle qui va s’infiltrer dans le monde du travail, celle qui se fonde dans l’envie, est méprisable.
Par amour, on se doit d’être tolérant, car c’est un sentiment que l’on ne choisit pas.
Dans le travail, c’est un choix, une manière d’être qu’il faut changer. Pourquoi jalouser sa collègue ?
Quel intérêt puisqu’au final, chacun touchera « presque » le même salaire ?
Dans le milieu de l’édition, on rencontre aussi beaucoup de jaloux prêts à tout pour démolir un livre. Pourquoi ? On peut ne pas aimer un roman, mais ce n’est pas parce que l’on aura anéanti le voisin que notre propre livre se vendra plus. Je vois régulièrement des amis auteurs subir ces drames par le biais de commentaires destructeurs et injustifiés, d’autres avoir leur petite cour de courtisans crachant leur bave sur tout ce qui pourrait nuire à leur « roi ».
Les gens sont stupides, ça on le savait, mais la jalousie les rend méchants. Ces personnes doivent au final être bien malheureuses, car ne vivre que dans un tel sentiment revient à ne pas s’aimer, à ne pas se respecter et à douter de soi.
Même si ce n’est pas facile, surtout en amour, il faut laisser la jalousie au grenier, elle s’y épanouira, seule.
Lorsque je lis certaines citations énonçant que la jalousie est une preuve d’amour, je ne suis pas d’accord. C’est juste une preuve de grande souffrance, une preuve que nous ne croyons pas en nous, que nous ne sommes pas certains de notre valeur, que nous ne croyons surtout pas en l’autre. En jouer, oui, cela peut mettre du pigment dans un couple à condition de ne pas en abuser.
Sinon, la jalousie n’a peut-être juste que cette qualité, celle de nous faire sentir que nous sommes toujours amoureux, que nous sommes tombés amoureux un jour et que nous ne sommes pas morts émotionnellement.
La jalousie est très complexe. C’est un sentiment qui consume, capable de confusion, et dont on agonise. Ne pas s’aimer ni se respecter et douter de soi, ce n’est pas stupide. Ça fait mal. Mais l’être humain doit vivre ainsi, emmêlé dans la sagesse et l’idiotie.
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