( 17 janvier, 2018 )

Perdre un enfant

 

Perdre un enfant est la pire épreuve que l’on puisse vivre, et chaque jour mon coeur se serre en entendant que l’on n’a toujours pas retrouvé la petite Maelys et tant d’autres.  D’abord aucun parent ne devrait survivre à son enfant, c’est contre toute logique, contre nature. On met au monde une vie pour qu’elle grandisse, s’épanouisse, devienne meilleure que nous, malheureusement un jour, la réalité nous rattrape. Que l’enfant ait un mois, trois ans, vingt ans ou même plus, c’est inhumain.

Lorsque mon fils de trois ans est décédé d’un cancer, j’ai eu l’impression que mon monde cessait de tourner, et pourtant, j’avais d’autres enfants, je ne pouvais cesser de vivre. Alors, j’ai souffert de l’intérieur, sans cesser de dessiner un sourire sur mes lèvres, j’ai supporté les regards de pitié que je croisais, car il faut bien le dire, être « veuve d’un enfant » cela perturbe vos relations. Certaines personnes se sont éloignées, cette mort les ramenait à leur propre existence, leurs failles, leurs peurs. Trente ans après, eh oui le temps passe et on arrivera déjà en Avril à trente ans, , je remercie ceux qui sont restés, sans rien dire, sans s’apitoyer.

Alors non, je n’ai pas passé mes journées à pleurer ni allongée sur mon lit, je n’ai pas sombré dans la déprime ni dans les idées suicidaires, j’ai juste continuer de vivre avec ce morceau en moins, car une perte de cet ordre, c’est un bout de coeur que l’on nous arrache.

J’ai survécu, parce que je l’ai voulu, parce que je lui devais, lui qui s’est battu pendant un an subissant des traitements abominables. J’ai continué car jusqu’à la fin, son sourire n’a jamais quitté son visage malgré la douleur, malgré une fin inéluctable.

Se reconstruire après est difficile, il faut réécrire une nouvelle vie, c’est encore pire que perdre un amour, mais si on le veut vraiment, on peut puiser sa force dans cette épreuve. J’ai changé de vie, je suis devenue enseignante, j’ai attrapé ce petit fil unique qu’est la vie, je l’ai tenu pour aller au bout de mes rêves, car je sais qu’il sera, qu’il est toujours avec moi.

Perdre un enfant, c’est se mettre en danger, subir le regard des autres. Vingt ans après son décès, j’avais choisi de ne plus parler de mon fils « publiquement », de le laisser en paix. Malheureusement, un jour, des personnes malveillantes l’ont sorti de ses limbes pour se servir de ce deuil afin de me nuire. Être une survivante fait des jaloux. Comme j’aurais préféré leur laisser ma place.

Je suis restée debout, mais j’ai encore perdu un autre morceau de moi-même, ma thyroïde, comme si mon fils mourrait une seconde fois.

Alors je voudrais juste dire à tous ceux qui jugent sans savoir, qui jettent leur venin comme si c’était la vérité « vraie », n’enviez pas la place d’une « mamange », cessez de regarder ses émotions, souvent vous ne les verrez pas, elle les cachera, c’est sa force, en tous les cas, n’oubliez jamais que ce n’est pas parce que cette douleur est lointaine ou ne se voit pas qu’elle est effacée.

Tout ce qui ne se voit pas ne veut pas dire pour autant que cela n’existe pas.

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Image empruntée sur goggle

2 Commentaires à “ Perdre un enfant ” »

  1. regis77 dit :

    Très beau texte, grave et touchant.

  2. ROBERT dit :

    Non, Sylvie, je n’ai pas de commentaire à faire à cette page d’une maman qui a trop souffert. Je vous embrasse MC

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