Ce mot fin …
Une personne m’écrit « Vous êtes très égoïste de mettre le mot fin à une relation, vous devez toujours laisser une chance. » SIC, j’accepte les critiques, et je vais tâcher de m’expliquer. Dans un article, j’explique effectivement qu’il faut à un moment savoir tourner la page, que la vie est un grand livre rempli de pages blanches, mais que parfois certains chapitres ne doivent pas être écrits. Cela ne veut pas dire que l’on ne laisse pas une seconde chance à l’autre, juste que l’on doit éviter de se faire du mal en attendant pour rien.
Certaines histoires se retrouvent ainsi sur pause, bien malgré nous, parce qu’il n’y a pas d’autres issues, parce que le choix s’imposait, parce que l’on peut faire du mal à d’autres en restant, parce que d’autres ont décidé pour nous.
Alors on part, on ferme le livre, on ne veut plus écrire une seule ligne. Cela ne veut pas dire que l’on veut mettre le mot fin, juste qu’il nous faut passer à autre chose, pour un temps.
Et puis un jour, va savoir pourquoi, le passé revient, telle une vague, comme si rien n’avait changé. C’est l’amie de l’école que l’on retrouve après presque quarante ans, l’amie que l’on percute de plein fouet avec surprise en plein Paris, la liste serait longue.
Et tout recommence, autrement, différemment, le livre va pouvoir s’écrire de nouveau.
Alors non, faire une pause n’est pas nécessairement une cassure définitive, c’est une autorisation de vivre, tout simplement. Garder ces fantômes du passé peuvent virer à l’obsession. Il faut s’en libérer.
Le livre le plus difficile à fermer est celui de l’amour. Lorsque l’on est amoureux, on n’a pas envie de croire que tout est fini, que tout s’écroule, que ce rêve n’est au final qu’une illusion. Alors, on trace la lettre F d’une main tremblante, puis le I, mais on hésite à mettre ce N. On refuse surtout d’apposer ce point final de non retour.
Alors non, mettre le mot fin n’est pas de l’égoïsme parce qu’au fond, on ne peut pas, on n’y arrive pas. Seuls ceux qui ont vraiment aimé peuvent comprendre.
Seulement voilà, une histoire s’écrit à plusieurs, et souvent on est seul. On lance des bouteilles à la mer qui n’arrivent jamais, des signes que les autres ne voient pas ou ne veulent pas comprendre. On offre une seconde chance, mais la porte reste close, alors oui, on ferme le livre, la boule à l’estomac, en oubliant tout de mettre le N du mot FIN …
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