Ces signes que nous avons envie de voir
L’homme a besoin de se rassurer, de trouver des signes pour donner un sens à sa vie. Certains vont appeler cela « les coïncidences de vie », d’autres simplement le hasard. J’aime à penser que le hasard n’existe pas, que nos vies ne sont qu’une résultante de nos propres choix, que ce hasard n’est en fait qu’une mauvaise interprétation de ce qui est.
Nous rencontrons beaucoup d’interactions qui n’auront aucun impact sur notre vie, d’autres minimes qui vont la changer à jamais. Certains mots seront comme du baume sur des vieilles blessures, d’autres seront pire qu’un coup de couteau en plein coeur.
Alors, pour survivre, car il est toujours question essentiellement de survie, de cette force que l’on doit trouver en nous pour ne pas plonger définitivement vers un puits sans fond, on va donc voir ces signes comme une pure évidence, ces signes rassurants, ces signes qui font du bien.
Est-ce si important de savoir au fond si c’est monsieur hasard qui cogne à notre porte ou si c’est madame la vie qui nous donne un coup de pouce ? L’important n’est-il pas au final de se sentir mieux ?
Ma vie a été jonchée de drames, de faits auxquels je n’étais pas préparée, que j’ai pris en pleine face, maintes fois j’aurais pu couler, sombrer dans une dépression dont je ne me serai certainement pas relevée ou dans des addictions qui m’auraient emportée, au lieu de cela j’ai toujours puisé le courage et la force dans ces fatalités. Quand on perd une personne va naître une douleur, différente pour chacun. Nos réactions ne sont ni quantifiables ni prévisibles, elles s’inscriront juste dans notre ligne de vie. Cette perte se retrouvera alors reliée à un signe que nous avons envie de voir. Ainsi je suis devenue enseignante après le décès de mon fils, une coïncidence de vie de quelques secondes, un mot dit par une ancienne directrice d’école qui s’était occupée de cet enfant, et ma vie a changé. Aurait-elle été autre s’il avait vécu ? Certainement, tout comme ma vie serait totalement différente aujourd’hui. Tant de faits ont découlé de « ce signe », tant de rencontres, tant de merveilleux moments, tant de douleurs aussi, jusqu’à cette plume qui ne cesse de bouger aujourd’hui. Sans ces signes que j’ai voulu voir, sans cette nécessité à vouloir toujours survivre, sans être passé par toi, serais-je moi ?
C’est très beau et tellement vrai.