Celui qui contrôle le passé contrôle le futur
Trop régulièrement je rencontre des personnes qui se sont focalisées sur un évènement de leur passé, bloquées à cet instant où tout a basculé. Ces individus deviennent inexorablement au fil du temps aigris et malheureux. Les souvenirs sont importants, ce sont nos fondations, nos racines, faites d’erreurs, d’essais, mais tout être humain doit se libérer de ses chaînes. Nourrir une rancune ou une vengeance à vie est pour moi pathologique, et ces personnes devraient songer à consulter. Rien n’est pire que de rester coincés sur le seuil d’une porte sans pouvoir la franchir. Le passé est quelque chose de fabuleux si on l’utilise comme moteur, si par contre il s’invite pour laisser entrer déprime ou idées noires, il est une véritable catastrophe.
Nous avons tous à une plus ou moins grande échelle subi dans notre vie des échecs, des trahisons, des erreurs, des frustrations, mais nous sommes tous toujours vivants, signe que nous devons continuer, nous avons l’obligation de nous servir de ces expériences négatives pour réussir notre présent. Il faut faire fie des regrets, des « si j’avais su … ». Le choix est un acte terriblement pervers, car il ne se révélera « bon ou mauvais » qu’avec le temps. Rien ne nous permet de savoir « avant ».
J’ai peu de regrets dans ma vie, car j’ai été éduquée dans un esprit positif m’incitant à tirer le bien même du pire. Pourtant, j’ai en travers une expérience insignifiante, un appel téléphonique qui n’a duré que quelques minutes d’un destinataire inconnu, que j’ai accepté, par réflexe, idiotement, et dont la résultante fut pire qu’un champ de guerre. Je n’ai pas anticipé l’dffet négatif résultant de cet appel qui a pris durant des mois le contrôle de mon futur, anéantissant mon présent. Il m’a fallu rentrer dans une orientation de pensées qui n’était pas l’oubli, car je n’y arrivais pas, mais l’acceptation de ce qui fut. J’ai agi machinalement, mais cette culpabilité que j’avais d’avoir ainsi donné crédit à un drame, devait disparaître. Je n’y suis pas arrivée seule, mais grâce aux thérapies de pleine conscience qui m’ont offert un avenir. Aujourd’hui, ces souvenirs existent, ils sont toujours là, il suffit d’une musique ou un livre pour que le passé vienne prendre un verre, mais je l’accueille avec sérénité. J’ai réalisé tout ce que j’avais réalisé grâce à lui, tout ce que j’étais devenue. J’ai accepté cette imperfection qui m’a fait prendre un jour la mauvaise décision (comment aurait-il été possible de savoir que c’était une mauvaise décision ? Qu‘un simple appel allait déclencher un tsunami ?).
J’ai surtout pris confiance en moi, car en connaissant ses limites, on peut être fière de ses réalisations.
Et surtout, ce sera ma conclusion, j’ai appris à ne voir que du positif, même dans l’expérience la plus négative. Certains depuis ont tenté de nouveau de m’entraîner dans leur puits sans fond, ils ont échoué. Je continue à baser ma petite existence sur l’échange, la communication saine, les relations avec ceux qui le désirent, mais pour les autres, ceux qui voudraient m’emporter vers « hier », je m’y refuse. La route fut cahoteuse, compliquée, et même si je sais qu’elle ne sera jamais juste faite de sable lisse, je tenterai toujours de rester debout avec le sourire. Après tout, je me dis que j’ai vécu le pire, non ? Et au fond de moi, j’aimerais avoir droit de ne vivre que le meilleur.