La solitude des anciens
Triste constat, nous vivons de plus en plus vieux grâce aux progrès de la science, mais nous finissons aussi de plus en plus seuls. Les cellules familiales en mode patriarcal n’existent presque plus. Chaque génération travaille, fonde sa propre famille, mais n’a pas le temps de s’occuper de ses anciens. Ce n’est pas une critique. Souvent, on voudrait bien, mais on ne peut pas. Avant, on mettait papy au coin de la cheminée ronflant jusqu’à son dernier souffle. Aujourd’hui, mamy finira inéluctablement dans une maison de vieux où tout sera pensé pour son confort, sauf qu’elle y finira seule. Ne nous leurrons pas, c’est notre finalité à tous. J’ai beau avoir beaucoup d’enfants, je sais déjà que le jour où je perdrai ma motricité ou celui où mon cerveau partira en vrille, je serai placée dans ces antichambres de la mort.
Ce n’est pas de finir ma vie ainsi, seule, qui m’effraie, c’est plutôt de me retrouver coincée dans une prison pour vieillards, obligée de me plier aux exigences des soignants, aux heures des repas, aux animations imposées. Je conçois que certaines personnes seraient ravies de terminer une existence bien remplie au milieu de « copines » de leur âge. Personnellement, cette perspective me fait verdir à l’avance, et j’espère pouvoir rester autonome le plus possible chez moi, loin de ces odeurs aseptisées ou parfumés d’urine, loin de ces regards vides, loin de cette tristesse qu’aucun sourire ne peut effacer. Ce sera alors le moment pour mes ennemis de me bousculer dans la rue, histoire que j’échappe à cette perspective insoutenable, celle de la solitude entourée.
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