L’impatience des auteurs
Écrire, c’est un peu donner vie à un rêve. Un premier livre, c’est comme si on mettait un enfant au monde. On le fabrique dans notre tête, on lui fait une beauté, puis vient le temps du doute, parce qu’après tout, à part nous, qui cela va-t-il intéressé ? Il y a tellement de romans qui sortent chaque mois que la suspicion s’invite. Et si ces pages n’étaient qu’un navet ? Et si je ne valais rien ?
Alors on se précipite sur le premier éditeur qui passe voire pire, si on n’y connaît rien, on signe avec des éditions peu scrupuleuses. Pourquoi ? Simplement, parce que l’on tape sur Google et on envoie notre manuscrit un peu comme une bouteille à la mer, et le premier qui répond, on signe sans parfois même lire le contrat. C’est cela l’impatience des jeunes auteurs. Certains vont même jusqu’à préférer publier au autoédition parce que cela va plus vite. Malheureusement, les résultats ne se font pas attendre, le manuscrit n’ayant pas été assez peaufiné, il reste des fautes, des incohérences. Que de livres j’ai lus cet été ainsi bâclés !
Après plusieurs parutions, un auteur devient moins impatient. Il prend le temps de peser ses mots. Il va chercher un ou plusieurs éditeurs avec des critères sérieux. Un auteur chevronné va souvent publier dans différentes éditions afin de se faire petit à petit un nom, afin aussi de ne pas devenir propriété exclusive d’une édition.
Pourtant, qui n’a pas rêvé de devenir le dernier Marc Levy ou Bussi ? Seulement, même si on peut l’espérer, il ne faut pas en faire une obsession, car les élus sont rares. Ces « grands écrivains » ne se comptent que sur les doigts d’une main. Talent ? Chance ? Opportunité ? Relations ? Nul ne peut affirmer comment un roman, soudainement, explose les ventes.
Ensuite, il y a les premiers lecteurs. On a tous, au début, une petite impatiente face aux retours des chroniques, ces commentaires laissés sur Amazon ( pas toujours vrais), puisant dans ces lecteurs comme s’ils nous offraient la lune. Avec le temps, on s’en préoccupe beaucoup moins, ayant compris que les goûts littéraires étaient aussi complexes que les goûts culinaires, déroutants parfois, absurdes à d’autres moments, falsifiés également au vu de chroniqueurs qui ne lisent pas le livre en intégralité.
L’impatience des auteurs est donc légitime, seulement comme toute chose, aller trop vite, impulsivement, peut pousser à l’erreur, alors cultivons simplement notre impatience pour en faire un joli jardin qui fleurira lorsque la saison le décidera.
C’est un très bel article !!! Très juste.