Comment choisit-on ses personnages ?
J’en ai déjà parlé sur ce blog, mais cela date d’un petit moment. De jeunes écrivains en herbe me demandent souvent comment naissent mes personnages. J’ai envie de dire, de la même façon que l’on dessine un manga ou un personnage de BD. Au lieu du crayon à papier, on utilise l’encre tout simplement. Au hasard de nos rencontres, on va relever un détail qui conviendra à notre héroïne, un tatouage vu sur la plage, un regard croisé sur notre route, une attitude, une façon de se mouvoir. Après les personnalités de chacun s’avèrent un mélange comme si nous avions mis tous les ingrédients dans un shaker. On secoue et le tour est joué. J’ai toujours veillé à ne pas prendre comme modèle des personnes de ma propre vie, simplement parce que sinon on va s’imposer des limites pour ne pas choquer ou blesser. Aucun de mes personnages que ce soit dans mes polars ou dans mes romans n’ont existé. C’est certainement pour cela que je les aime tant puisque je les ai modelés complètement comme si je les avais façonnés dans l’argile. Prenons Adelyse que tout le monde adore et qui pourtant agace. C’est bien parce qu’elle ne pourrait exister qu’on l’aime autant. Tout comme Antoine, un homme aussi parfait, supportant une femme aussi épouvantable, je n’en connais pas ! Dernièrement une chroniqueuse me rapportait que mes personnages étaient trop : « Personnellement, j’ai trouvé qu’il y avait un côté Grey’s Anatomy mais dans l’univers policier un peu trop appuyé avec une multitude de personnages. Je n’ai pas toujours été convaincu par le réalisme des réactions de ces policiers alors qu’ils faisaient face à un meurtrier redoutable, impitoyable et remarquablement intelligent. On a parfois l’impression qu’ils étaient en colonie de vacances quand même alors qu’ils avaient constamment plusieurs wagons de retard sur le tueur. »
Comment expliquer que c’est voulu ? Que chaque personnage est pensé ainsi, car je suis fatiguée des stéréotypes des polars où le flic est toujours dépressif ou les témoins sont au bord du suicide, que le polar noir, je n’aime pas en lire donc je n’en écris pas parce que la vie, bon sang, elle est bien assez noire comme cela !
Choisir ses personnages est un moment divin pour un auteur, l’important un peu de jouer à Dieu. En tous les cas, une fois encore, une bonne histoire sans personnage qui accroche le lecteur échouera, alors jouez aux magiciens et faites vibrer vos mots !