Survivre à la perte d’un enfant, c’est possible !
Perdre un enfant est une des pires choses qui puisse arriver à des parents. C’est un non-sens qui chamboule le cycle de la vie. La vie pourtant ne s’arrête jamais. Alors on survit. On change, mais on avance, sans se retourner, parce que sinon ce serait une trop grande souffrance. Pour survivre, on puise nos forces dans cette mort inutile, illogique.
Le plus dur s’avère, surtout au début, ces gestes du quotidien qui n’ont plus de sens. Après le décès de mon fils de 3 ans, j’ai continué certains matins à préparer le biberon au chocolat qu’il adorait, mécaniquement, stupidement, pour me retrouver avec ce biberon à la main, prenant une nouvelle fois sa mort en pleine face.
J’ai survécu, pour mes enfants, mais je n’oublierai jamais le regard des autres, avide de larmes, de jugements aussi. Je me souviens encore, trente ans après, d’une nourrice promenant des gamins au parc, au courant de ce deuil. Je promenais ma fille de trois mois dans sa poussette et je riais de la voir regarder les arbres. Cette femme m’a fustigée du regard comme si rire était le plus gros péché que je pouvais commettre. Sur le coup, j’en ai eu les larmes aux yeux et je me suis sentie mal. Étais-je une mauvaise mère de vouloir encore vivre ? N’avais-je plus droit au bonheur ? Aujourd’hui, je me dis juste que cette personne ne pouvait pas comprendre puisqu’elle n’avait pas perdu d’enfants.
Perdre un enfant, c’est continuer de vivre par lui, ce n’est pas l’effacer ni le remplacer, c’est juste reconstruire autour de lui.
Là encore, il faut être fort, car on peut croiser des personnes malveillantes se servent de ce deuil pour vous faire tomber. J’ai vécu cette situation il y a quelques années, lorsque sur mon lieu de travail, une personne voulant me nuire est allée déblatérer que j’étais « déséquilibrée » car j’avais perdu un enfant. Je reçus immédiatement des signes d’empathie, des condoléances, difficiles à gérer, car comment expliquer que cette mort datait de plus de vingt ans ! Là encore, ceux qui ont utilisé cette arme contre moi avait atteint leur but, car ce fut comme si je l’avais perdu une seconde fois.
Puis cette violence va nous permettre à nous les mamanges de se revêtir d’une armure nous rendant presque insensible à la méchanceté, je dis bien presque, car nous avons tous une faille, et même si je me sens très forte contre toutes les violences aujourd’hui, brandissant mon draoeau de positivisme et de bienveillance, je sais que par lui on peur encore m’atteindre.
Faire son deuil a toujours été un terme que je détestais, comme si par ces simples mots on effaçait la douleur, le souvenir. On apprend simplement à apprivoiser l’absence, à puiser sa force dans cette souffrance comme si les cicatrices nous poussaient à nous surpasser. On survit, autrement, différemment. Mais que tous ceux qui souffrent se rassurent, on continue de vivre cette vie que eux n’ont pas eu la chance de poursuivre.
Je terminerai juste par ces mots du grand Victor Hugo qui disent tout, qui résument tout « Tu n’es plus là où tu étais, mais tu es partout là où je suis. »
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