Doit-on peser ses mots ?
La France est plongée dans une mouvance troublée qui ravive les déceptions des uns, les certitudes des autres, les passions voire la violence. Je bloque chaque jour de plus en plus de commentaires négatifs sur ce blog, fidèle à moi-même, refusant autant l’agressivité que la délation. Que ce soit des articles sur l’édition ou sur un sujet varié, il y en a toujours qui vont voir entre les mots un sentiment politique. Et bien non ! Je ne fais pas de politique même si de nombreuses revendications des gilets jaunes me semblent sensées, principalement le retour à l’ISF. Je condamne la violence et tous les casseurs, les actes gratuits de destruction. Mais par pitié, ne transformez pas mes écrits à votre sauce. Je refuse de devoir peser mes mots, car c’est fatigant, cela enlève de la force à mon récit. J’ai « perdu » deux relations dont une que je pensais sincère, une pro-Macron, ce qui était son droit, à cause de ces manifestations. Parce que je soutiens les petits salaires, les retraités, je ne suis plus assez « bien » pour continuer sur la route de l’amitié.
Cela veut-il dire que si je ne vais pas dans l’esprit philosophique ou politique de « mes amis », je ne suis plus la bienvenue ? Une fois encore, cette situation me pousse à m’interroger, ne pas être du même avis qu’une personne implique-t-elle obligatoirement son rejet ? Ne frise-t-on pas même en amitié un certain autoritarisme ? « Tu es ma chose, donc tu dois penser comme moi ! »
Alors désolée, je n’appartiens à personne, je suis ouverte aux échanges, aux discussions, mais je ne plussoie pas de devoir cacher mes idées pour ne pas déplaire à mes amis.
Peser ses mots n’est-ce pas un moyen réducteur d’en changer le sens profond ?
L’amitié, la vraie, celle qui s’exempt de calcul et de considération connotée, n’a nul besoin d’accord sur tout. Ce n’est pas l’accord qui régit l’amitié mais l’esprit que l’on met dans ses considérations à l’égard du monde qui nous entoure, dans l’écoute qui permet que progresse notre perception des choses.
Ne te bile pas, ceux qui tournent le dos, voire qui trop nous rudoient, font abus d’autorité, n’ont visiblement pas l’esprit qui nous anime. Que vogue leur vaisseau d’ »inconsidération » et que ne nous malmènent plus les ressacs des vagues de leurs pensées « ostracistes ».