( 14 décembre, 2018 )

L’absence

À toi qui es, qui fus et qui seras … toi, mon père …

Un 14 Décembre à 58 ans, tu as tiré ta révérence, sans rien dire, sans parler. Tu étais entré à l’hôpital, on t’a annoncé que tu avais la maladie de Waldenström, à un stade incurable, deux ans maximum avec dialyses à la clé. Tu es retourné chez toi, signé une décharge et ton corps a juste cessé de fonctionner cinq jours plus tard. Arrêt sur image. Choix difficile à porter pour l’entourage.

Ton absence fut lourde, si lourde que je t’ai cherché dans mille mains qui me serraient, dans des regards. Tu étais bien plus que mon père, tu étais mon modèle, toi l’artiste tourmenté, le peintre, le photographe, l’homme des mots.

On a tous souffert un jour de l’absence d’un enfant, d’un amour, d’un ami. Même si on est préparé à la grande faucheuse, surtout lorsque l’on avance sur la route de la vie, on ne se fait jamais à l’idée de perdre ceux que l’on aime ou ceux que l’on a aimés. L’absence , c’est cette porte qui s’ouvre sur une réalité difficile que l’on n’a pas envie de comprendre, cette réalité, rien ne dure, rien n’est immortel, et surtout rien n’enlève complètement la douleur. De nombreuses personnes pensent que l’on apprivoise l’absence, mais ne serait-ce pas elle qui au final nous apprivoise ?

 

Papa, par le regard que tu posais sur moi, faisait briller mille étoiles dans ma vie, et soudain, je me suis retrouvée comme orpheline de ton âme, comme si les étoiles s’éteignaient d’un coup, me plongeant directement dans un abîme. J’ai appris à apprivoiser l’absence une seconde fois, à vivre sans toi, avec simplement ton modèle en tête. Un jour, j’ai pris la plume, aujourd’hui le pinceau, pour toi qui aimais tant faire danser les images et les couleurs. Je continue à ma manière ce qui fut en ne restant que ce que je suis. Tout comme toi, je suis quelqu’un de l’ombre, mais ton art aurait mérité la lumière, c’est pour cela que je te rends hommage aujourd’hui.

Si quelque chose existe après, cela me rassure, car je sais que Christophe n’est pas tout seul et un jour, on se retrouvera. Sache papa que j’ai survécu au pire, que je vais bien, que je suis sereine.

Heureux ceux qui savent danser sur les absences, c’est ce que je fais.

« On n’oublie jamais une personne, on s’habitue juste à une absence. ».

 

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