un auteur doit-il écrire tout le temps ?
Voilà une question qui revient sans cesse sur mon blog et je n’ai pas de réponse, simplement parce qu’il n’y a pas nécessairement une vérité littéraire universelle. J’ai juste envie de dire, au vu des expériences relatées sur les groupes littéraires, lorsque l’on débute dans l’écriture, on est souvent très productif, simplement parce qu’après avoir publié un livre, on rêve de retrouver cette sensation unique que seuls les gribouilleurs de mots connaissent. Seulement, autant la première parution est souvent le fruit d’une impulsion, autant les suivantes vont se construire dans un cadre bien défini, plus structuré, d’où va naître la difficulté.
Un célèbre écrivain explique dans son interview qu’au bout de cinq ans l’angoisse de la page blanche arrive simplement parce que l’on n’a plus rien à dire.
Pourquoi ? Simplement peut-être parce qu’au début, la plume de l’écrivain s’est envolée par besoin de dire, de poser des mots, mais ensuite au fur et à mesure des années, l’exaltation n’est plus à son maximum, ce qui ne veut pas dire que l’auteur n’aime plus écrire, simplement il connaît maintenant les enjeux, les codes littéraires, les choses à faire, à ne pas faire. Il est passé dans « la cour des grands », celle où l’erreur est fustigée, celle où la perfection, seule, importe.
Alors, tel un randonneur en équilibre dans le vide, il va prendre conscience qu’au moindre faux pas, ce sera la chute vertigineuse. C’est pour cela que de nombreux auteurs vont produire beaucoup au début, parce qu’ils n’ont rien à perdre ni à prouver, puis les lignes ensuite seront moins nombreuses, mais souvent beaucoup plus travaillées.
Je pense, mais cela n’engage que moi, qu’il faut tout de même garder la cadence, ne pas s’éloigner trop longtemps des mots, simplement parce que l’homme a tendance à être passablement fainéant, et que s’imposer l’écriture comme un rituel, reste une très bonne option pour pouvoir ensuite se lancer à tout moment dans un nouveau manuscrit, le jour où l’imagination s’inscrit comme une évidence. En ce qui me concerne, pas un jour sans une ligne, je continue mon pari et j’espère que l’inspiration viendra toujours me chatouiller les orteils
Ce que tu dis et évoque s’entend, bien sûr.
Pourtant, il n’y a pas à mon sens de commune mesure. Alors certes écrire au moins un peu tout le temps permet de conserver, non son style vraiment, mais l’âme de son style, de ne pas perdre la source…
J’ai des grands creux dans mes écritures. Or c’est souvent parce que les mots qui me viennent, les arguments que je voudrait défendre me paraissent trop provoquant, à mon sens, à l’idée d’acceptation qu’a le monde dans son ensemble. Je ne suis pas en avance, ce n’est pas cela. Je suis d’ailleurs, peut-être. Le monde libertaire est ainsi fait qu’il ne peut se développer sous tous les yeux, tomber dans toutes les oreilles !